POPULISMES 2 : l’Europe du Nord bousculée

Le Danemark, la Suède et la Finlande voteront en 2015 pour élire leurs députés. Dans ces trois pays, l’extrême-droite nationaliste, qui développe un programme aux tonalités xénophobes et anti-européennes, est en nette progression. Elle a montré sa force aux élections européennes et se présente en position d’arbitre face aux conservateurs et aux sociaux-démocrates.

Les électeurs des deux Etats scandinaves de l’Union européenne, le Danemark et la Suède, seront appelés à renouveler leur Parlement en 2015. Les Suédois voteront en mars, les Danois au plus tard en septembre. Dans ces deux pays, les sociaux-démocrates sont au pouvoir. Ils y sont revenus à Copenhague en 2011 et à Stockholm en 2014 après en avoir été écartés pendant une dizaine d’années. Les élections danoises seront organisées au terme du mandat de la première ministre social-démocrate, Helle Thorning-Schmidt, tandis que les élections suédoises seront organisées quelques mois à peine après les précédentes, le premier ministre social-démocrate, Stefan Lövfen, ayant convoqué des élections anticipées après le rejet de son projet de budget pour 2015.

C’est le parti d’extrême droite, les Démocrates de Suède, qui a provoqué la crise, en s’associant au contre-budget présenté par les conservateurs. Devenus le cinquième parti du pays en obtenant 9,67% des voix aux élections européennes de 2014, les Démocrates de Suède constituent désormais le troisième parti derrière les sociaux-démocrates et les conservateurs. Aux élections législatives de 2014, ils ont recueilli 12,9% des suffrages, ce qui fait d’eux les arbitres du nouveau Parlement. Sous la conduite de son jeune (35 ans) et dynamique leader, Jimmie Akesson, porté à sa tête en 2005, le parti, né en 1988 en se donnant pour devise « Sécurité et tradition », n’a cessé de progresser depuis dix ans. Issu du mouvement nationaliste « Garder la Suède suédoise », il partage avec les autres formations populistes une forte hostilité à l’immigration et à l’Union européenne. Ses deux élus au Parlement européen siègent aux côtés des europhobes britanniques de l’UKIP et des activistes italiens du Mouvement 5 étoiles.

Son homologue danois, le Parti populaire danois, dont les quatre élus européens siègent auprès des conservateurs britanniques, des indépendantistes flamands et des eurosceptiques d’Alternative pour l’Allemagne, arrive pour sa part en tête des intentions de vote à quelques mois du prochain scrutin. Avec 26,6% des voix aux élections européennes de 2014, il est devenu le premier parti du Danemark. Aux élections législatives de 2011, il avait obtenu 12,3% des suffrages, un score qui faisait de lui le troisième parti du pays. Une étape importante vient donc d’être franchie, qui lui donne de bonnes chances de victoire en 2015. Le parti, dirigé depuis 2012 par Kristian Thulesen Dahl, qui a succédé à sa dirigeante historique Pia Kjaersgaard, est né en 1995. Il a pris la place du Parti du progrès, qui s’était créé en 1972 pour dénoncer le poids de l’impôt et l’interventionnisme de l’Etat-providence. Ses thèmes dominants, communs à l’extrême-droite européenne, sont la xénophobie, le rejet de l’immigration, l’opposition à l’Union européenne. Le Parti populaire danois garde toutefois ses distances à l’égard du Front national, dont il condamne l’antisémitisme et l’homophobie.

Un autre Etat nordique, la Finlande, va renouveler son Parlement en 2015. L’extrême-droite y est également en position de force puisque le parti des Vrais Finlandais, ou Finlandais de base, s’est imposé aux élections européennes, avec 12,9% des voix, comme la troisième formation du pays, derrière les conservateurs et les centristes mais devant les sociaux-démocrates. Ses deux eurodéputés appartiennent, comme leurs amis danois, au groupe des conservateurs britanniques. Aux élections législatives de 2011, les Vrais Finlandais avaient effectué une percée spectaculaire en obtenant 19 % des suffrages. Leur chef, Timo Soini, avait alors annoncé « un changement historique ». Même si leur résultat est moins bon aux élections européennes de 2014, en raison d’une nette progression de la droite, ils pèseront sur le scrutin de 2015 en défendant un patriotisme finlandais qui se traduit par une méfiance tenace à l’égard des étrangers et par un souverainisme intransigeant en Europe.

Rappelons enfin qu’hors de l’Union européenne, en Norvège, le Parti du progrès partage le pouvoir avec les conservateurs. Sa dirigeante, Siv Jensen, occupe le poste de ministre des finances dans le gouvernement de la conservatrice Erna Solberg. Créé en 1973 pour combattre, comme son homologue danois, une fiscalité jugée écrasante et une bureaucratie tenue pour envahissante, il fait aujourd’hui de la lutte contre l’immigration un de ses principaux thèmes de campagne. Il a obtenu 16,3% des suffrages aux élections législatives de 2013. Même s’il a reculé par rapport aux élections de 2009, il est désormais la troisième force du pays. Comme dans les autres pays nordiques, la montée de l’extrême-droite bouscule le paysage politique.