L’indépendance n’est pas une question de circonstances

L’article de quatre anciens ambassadeurs publié par Boulevard-Exterieur a relancé le débat sur la politique extérieure française. Ils répondaient à Justin Vaïsse qui, dans une contribution à la revue Esprit, contestait l"idée d’une rupture "néoconservatrice" de la diplomatie française lors des quinquennats de Nicolas Sarkozy et de François Hollande. Il insistait sur les éléments de continuité qui cependant ont évolué au gré des changements de la situation internationale.
Animateur du Club des Vingt qui regroupe des anciens diplomates et des spécialistes de politique étrangère soucieux de la tradition diplomatique, Francis Gutmann, ambassadeur de France, est catégorique : l’indépendance n’est pas une question de circonstances.

Dans l’article qu’il a publié il y a quelques mois dans Esprit, Justin Vaïsse cherche à démontrer « la continuité de la politique étrangère française », les différences que l’on peut constater d’une époque à l’autre n’étant dues selon lui qu’aux bouleversements de l’ordre mondial.
En même temps, il se plait, dans une certaine confusion, à relever des oppositions aux différents stades de la politique étrangère française. C’est ainsi par exemple qu’il semble ramener la politique française des années 1960 à une opposition entre gaullistes et atlantistes, ce qui est une vision un peu sommaire d’une époque qu’il n’a évidemment pas bien pu connaître personnellement.
Il souligne d’autre part les points sur lesquels François Mitterrand a pris des positions différentes de celles du Général de Gaulle, mais ce faisant il ne tient pas compte ici du fait que la situation internationale n’était pas la même.
Quant à l’indépendance, elle n’est pas une question de circonstances. Toujours « parler avec tous, [mais] penser par soi-même » est une exigence sans doute quelque peu négligée au cours des deux quinquennats précédents. Mais enfin le débat a toujours du bon et je sais gré à Boulevard Extérieur de le permettre.