Vue d’ailleurs l’élection présidentielle française débouche sur des fortunes contraires et incertaines. « Si Marine le Pen gagne, l’Europe, c’est terminé. » Enrico Letta, l’ancien président du conseil italien, a exprimé cette crainte au micro de RTL le 25 mars, jour du soixantième anniversaire du traité de Rome. Pour beaucoup de commentateurs à l’étranger, une victoire du Front National paraît possible et cette opinion semble plus largement répandue qu’en France.
Fillon discrédité, la menace Le Pen pèse sur l’Europe
« Qui aime la France doit être inquiet et avoir peur ces jours : est-ce la fière nation de la culture, la patrie des droits de l’homme, le prochain pays qui succombera au doux poison des simplificateurs populistes de droite ? Hier, le Brexit et Trump, demain Le Pen », écrit dans le quotidien de Zurich Tages Anzeiger Christian Wernicke, par ailleurs correspondant de la Süddeutsche Zeitung à Paris.
Pour Matthieu J. Goodwin dans le New York Times du 24 mars, il est tout à fait plausible que Marine Le Pen devienne le prochain président. Le contexte actuel, bien au-delà des frontières de la France, paraît très favorable à cette élection, relèvent nombre des articles parus à l’étranger.
Montée des populismes, critique de l’establishment et rejet des partis traditionnels rendent les résultats imprévisibles, dit le Financial Times du 9 mars, alors que l’issue de ce scrutin est décisive pour la France et pour l’Europe : les sortants sont sortis, les survivants se disent « anti-système », plutôt outsiders, bref, agents du changement systémique.
« Fillon lui-même, élu au parlement en 1981, premier ministre de Sarkozy, a obtenu sa nomination en se faisant une « figure fraîche », déterminée à secouer la bureaucratie de France et à revigorer son économie. Il a promis de donner l’exemple d’une éthique impeccable dans une sphère publique douteuse. Las ! Sa campagne est en lambeaux à cause du scandale d’un million d’euros d’argent public payé à sa famille pour des emplois supposés fictifs. M. Fillon nie avoir mal agi. Cependant ses demi-excuses et son insistance à blâmer le système judiciaire, les medias et ses ennemis politiques ont dissuadé des électeurs ; une partie de son équipe de campagne a quitté le navire. »
Pour le philosophe allemand Peter Sloterdijk, la candidature de François Fillon, mis en examen pour détournement de fonds publics, serait tout simplement impensable en Allemagne : « Chez nous les hommes politiques tombent déjà pour des affaires de corruption beaucoup moins importantes ; en Allemagne, Fillon se serait lui-même anéanti s’il avait affirmé que le détournement de fonds publics s’était déroulé dans un cadre légal. Nous autres Allemands nous avons appris la démocratie tardivement. Ceux qui approuvent tard respectent le texte des lois. Chez nous, sa candidature aurait été impossible en soi. En France, le pays de l’egomania sans limites, un candidat discrédité peut se tenir jusqu’à la fin sur la ligne de départ. On est loin de pouvoir se figurer les dommages que cela va causer au régime démocratique. » (Le Monde du 20 avril)
« Il se peut que Fillon passe à travers son « affaire », dit Christian Wernicke (Tages Anzeiger) Mais il lui manquera désormais la légitimation morale pour imposer aux Français ses pénibles réformes. »
Le FN rit sous cape, écrit Bart Eeckhout dans le quotidien De Morgen, le Front National ne pouvait souhaiter de meilleur adversaire que François Fillon : « François Fillon devait être le candidat de la décence, l’homme qui relèverait les normes morales de la politique française, celui qui recadrerait les profiteurs du système. Une image qui vient de partir en fumée. On ne saurait avoir trop de compassion pour ceux qui placent la barre de la moralité plus haut pour les autres qu’ils ne le font pour eux-mêmes. … »
Mais pour les populistes, tous les coups sont permis, remarque Andreas Koller du Salzburger Nachrichten : Marine Le Pen et François Fillon ne semblent pas être soumis aux mêmes règles. « Il est intéressant de constater que les affaires de la candidate de l’extrême droite, contrairement à celle de Fillon, ne lui nuisent pas le moins du monde. » Le journal danois Politiken estime même que Marine Le Pen tirera éhontément profit de l’affaire des emplois fictifs du candidat LR aux présidentielles.
Selon The Economist du 4 mars, le dégoût que peuvent susciter les « affaires », la colère qui gronde contre les représentants du « système », et peut-être plus encore le pessimisme économique qui s’est emparé de la France, un pays dont un « Etat gaspilleur qui absorbe 57% du PIB a sapé la vitalité », tout cela pourrait conduire à la catastrophe. Avec en plus le sous-emploi, les attentats terroristes et les démêlés avec les islamistes…Même si les sondages ne placent pas Le Pen vainqueur au second tour, pour beaucoup les souvenirs du vote du Brexit et de l’élection de Donald Trump donnent à penser que les sondeurs pourraient se tromper.
Les Américains voient dans ce processus électoral, explique Goodwin, une sorte de remake des présidentielles aux Etats-Unis. Ce remake, avec le rejet des hommes politiques des grands partis, la montée du populisme anti-immigrés, les fausses informations et la « connexion » russe, fait cependant apparaître aussi des différences.
Dans The Independent, Denis MacShane, ancien ministre travailliste des affaires européennes, exprime en effet une autre opinion : « [Marine Le Pen] n’a rien d’une fasciste — ce n’est qu’une Européenne de droite, déplaisante, qui a consacré sa vie politique à jouer les cartes anti-immigration, eurosceptique et islamophobe. Mais elle n’est pas Donald Trump et elle ne deviendra pas présidente. Si l’on veut vraiment la comparer à quelqu’un, on pourrait dire quelle est la Hillary Clinton française — une femme politique compétente, active depuis longtemps déjà, mais qui n’est pas en mesure de mobiliser un électorat autre que le sien. … Elle ne peut plus revendiquer l’étiquette du ’nouveau venu’ en politique : c’est Emmanuel Macron qui a hérité de ce titre. »
Martina Meister, correspondante à Paris du @tagesanzeiger, veut présenter à ses lecteurs « le vrai visage de Marine Le Pen » et l’illustre avec le dessin de Charlie-Hebdo intitulé « La face craschée de Marine Le Pen »(Dessin de Riss, texte de Malka).
Pour Katya Adler, du The Irish Independent, Marine Le Pen et son parti illustrent l’évolution de l’extrême droite en Europe, qui s’est de plus en plus « détabouisée » (www.eurotopics.net). « Aujourd’hui, les électeurs français n’ont plus honte de voter Front National. Faut-il en conclure que la France glisse vers l’extrême droite ? Des millions d’Européens — ceux qui soutiennent le DF au Danemark, le FPÖ en Autriche, l’AfD en Allemagne, le PVV aux Pays-Bas et des mouvements comparables — sont-ils, tous autant qu’ils sont, des racistes blancs xénophobes ? Probablement pas. Tous ces partis ont-ils été épurés des racistes et des éléments d’extrême droite ? Sûrement pas. Mais leurs dirigeants ont découvert dans la politique européenne une faille béante dans laquelle ils réussissent aujourd’hui merveilleusement bien à se faufiler. »
Chassez le naturel… « Marine Le Pen a montré au monde qu’elle est, après tout, la fille de son père quand elle a dit que la France n’était pas responsable d’avoir rassemblé les juifs pendant la deuxième guerre mondiale pour les envoyer dans les camps de concentration allemands », écrit le NYT le 29 mars. « La déclaration de la candidate à propos du Vel d’Hiv (…) devrait dissiper toute illusion à son sujet. »
Le travail de sape de Poutine
Marine Le Pen veut que la France quitte la zone euro avant qu’elle ne s’effondre. Cependant, observe le NYT, beaucoup d’électeurs restent en faveur de l’appartenance à l’Union européenne et à l’euro, mais, ajoute-t-il « l’élection même de Mme Le Pen changerait la donne : les investisseurs vendraient leurs actions françaises, les marchés chuteraient et l’eurozone elle-même pourrait ne pas s’en remettre. Les Français se précipiteraient pour retirer leurs avoirs de crainte d’un contrôle des changes, comme ce fut le cas en Grèce. La monnaie de l’Union serait déstabilisée car on anticiperait sa dissolution. »
Les observateurs dès lors ne peuvent manquer de voir la conjonction des objectifs du FN, et des nationalistes populistes en général, avec ceux de Vladimir Poutine qui travaille en sous-main à une dislocation de l’UE.
Une des lignes de fraction qui, dans cette campagne, est venue se superposer à la traditionnelle coupure entre la droite et la gauche a particulièrement retenu l’attention des medias étrangers, les partisans de l’ouverture sont ceux qui défendent l’Europe – pas vraiment telle qu’elle est, plus souvent pour l’améliorer – les amis de Poutine en revanche ont plutôt tendance à remettre l’Europe en question sinon à vouloir la quitter.
Dans Le Soir, en réponse à une question qui rappelle l’opposition d’une majorité de Français à la constitution européenne lors du referendum de 2005 — « Macron est le seul à vraiment défendre l’Europe. C’est risqué, sachant que la France a dit non en 2005 à la Constitution européenne et qu’un rejet de l’UE reste vif » —, Joëlle Merkens affirme : « La France était le pays qui en Europe apportait des idées. La dernière grande illustration de cela ayant été le tandem Mitterrand -Delors. L’euro était une idée française, que les Français ont arrachée aux Allemands qui n’en voulaient pas tant que ça. Et à l’arrivée, qu’est-ce qu’on voit ? Les Français sont aujourd’hui marginalisés. Je ne crois pas que dans le référendum de 2005 les gens ont voté contre l’Europe, ils ont voté contre une Europe où la France n’a plus de voix, plus de projets, plus de place. »
« Pourquoi la France n’est pas plus entendue ? - Il y a des raisons qui restent à éclaircir. Mais il y a eu aussi une absence de François Hollande sur la scène européenne qui a aggravé beaucoup les choses. L’Europe n’intéresse pas vraiment le personnel politique. Pour les Français, c’est l’hospice de retraités. On y envoie ceux dont on ne veut plus », conclut la correspondante à Paris du quotidien belge.
Le Kremlin pourrait avoir une influence décisive sur la campagne présidentielle française, écrit ABC, un journal espagnol populaire (http://www.abc.es) : « Après l’ingérence désormais prouvée de Poutine dans l’élection américaine, il n’y a aucun doute que le président russe fera tout ce qui est en son pouvoir pour faire en sorte d’obtenir, en France également, le résultat qui lui soit le plus favorable – autrement dit la victoire de la candidate d’extrême droite, Marine Le Pen, dont les accointances avec le Kremlin ne sont un secret pour personne. »
La nouvelle Agit-Prop russe avec ses instruments, l’agence Sputnik et la télévision Russia Today appuie lourdement la candidate FN. Et non seulement elle dore son portrait, en visite privée au Kremlin par exemple, ou bien publie des chiffres simplement faux sur sa position dans les sondages mais elle se déchaine contre ses « meilleurs ennemis ». On ne compte plus les attaques contre Macron, fake news ou hackings.
Dans un commentaire pour Der Standard de Vienne (27 mars), Paul Lendvaï regrette que les mises en garde d’hommes politiques, de personnalités et de journaux internationaux sur les pays directement menacés par la stratégie d’expansion russe n’aient pas été suivies d’effets. « La collaboration du Kremlin avec les populismes de droite alimente l’insécurité et exerce une influence toujours plus forte sur le développement politique de l’UE. Le Pen est un critique des plus violents des sanctions occidentales, et elle a même réclamé la reconnaissance de l’annexion de la Crimée qui est contraire aux lois internationales. »
« Que le candidat de gauche Mélenchon, soutenu par le Pari communiste, ou le conservateur Fillon, discrédité par les affaires de corruption, aient aussi parlé dans ce sens était symbolique, poursuit-il. Marine le Pen, qui , il y a deux ans déjà avait reçu un crédit de neuf millions d’euros d’une banque proche du Kremlin admire Poutine, comme beaucoup de populistes de droite – entre autres en Allemagne (AfD), en Autriche (FPÖ), en Bulgarie (Ataka), en Estonie ( Parti centriste des russes ethniques) – apparait comme un leader national fort, qui intervient avec succès contre la tutelle de l’UE et de l’hégémonie américaine, comme sauveur de la civilisation occidentale mise en danger par les homosexuels et les émigrés musulmans. »
L’Espagne en miroir
Le journal espagnol El Pais a tracé, 18 avril, un parallèle entre les principaux candidats français et les leaders politiques qui leur « correspondent » en Espagne.
« MACRON-RIVERA, le leader de Ciudadanos, le rapprochement est frappant par la génération, la physionomie et l’idéologie. Une issue pour la social-démocratie vers le libéralisme et une révélation de l’extrême-centre qui prétend pêcher des millions de votes dans les eaux poissonneuses sociologiques de la modération.
« MÉLENCHON-IGLESIAS : Cette fois la gauche espagnole a devancé la française dans son réveil. Et a conçu un scénario politique qui relie la montée de La France Insoumise avec la portée embryonnaire de Podemos. Autrement dit, les options de Jean-Luc Mélenchon ont grandi grâce au chemin tracé par Pablo Iglesias. Aussi bien dans la tentative de subordonner le Parti Socialiste, que dans l’ambition utopique d’un programme […] Et, quitte à partager, ils partagent même la dévotion au « chavisme ». Et partagent l’ennemi, c’est-à-dire, le vieux dinosaure qu’est le Parti Socialiste, la possibilité du « sorpasso » semblant toutefois beaucoup plus vraisemblable en France qu’en Espagne.
HAMON-SÁNCHEZ : Il fût un temps, pas si lointain, où Pedro Sánchez se vantait d’une gauche marquée à droite […] mais les avatars de sa propre survie l’ont conduit à s’accrocher maintenant à la candidature de Benoît Hamon. […] Les doutes annoncent la nuit noire du socialisme européen et marquent la bataille pour le contrôle du PSOE. »
« FILLON-RAJOY : François Fillon a été poliment invité à se tenir à l’écart du dernier congrès du Parti populaire au mois de février. Les nouvelles autour des scandales de népotisme le concernant avaient éclaté au grand jour […] En outre, les allusions positives de Fillon au sujet d’un référendum pour l’indépendance en Catalogne ont provoqué stupéfaction et courroux chez les populaires, amenant une sorte de clarification évidente sur la relation glaciale qui existe entre Fillon et Rajoy. »
PAS DE LETTRE POUR MARINE LE PEN (d’après le titre du livre de Gabriel García Márquez « Pas de lettre pour le colonel ») : Sur les cinq candidats à la présidence de la France, quatre ont des connexions et des équivalences en Espagne. Marine Le Pen n’en fait pas partie. Pas du fait qu’il n’existe pas un parti d’extrême-droite aussi fort que le Front National au sud des Pyrénées, mais parce que « l’internationale xénophobe » a pris corps dans la communauté de voisins composée de Nigel Farage, la Ligue du Nord italienne, le mouvement de Geert Wilders en Hollande et d’autres représentants du centre et de l’est de l’Europe où prospèrent le nationalisme et le rejet de l’UE. »
Sociaux-démocrates de tous les pays…
« Avec les succès de Martin Schulz en Allemagne, la social-démocratie devrait avoir la capacité de soutenir les camarades français, note Martin Reeh dans le Tages Anzeiger en ligne. « Une suspension du plafonnement du déficit à 3% du PIB et un salaire minimum harmonisé au niveau européen : les sociaux-démocrates allemands pourraient désormais soutenir leurs homologues français et promettre d’appuyer ces requêtes, en cas d’élection de Martin Schulz. » … Au congrès du SPD, le 19 mars, Sigmar Gabriel qui abandonnait la présidence du parti, a reproché à Angela Merkel d’avoir, en forçant la France à l’austérité, favorisé la montée du Front national : « Rien ne coûterait plus d’argent à l’Allemagne et à l’Europe qu’une victoire du Front National en France. »
Si François Fillon disqualifie la droite modéré, « qui d’autre alors pourrait être un frein à Marine Le Trump ? se demande Chritian Wernike. Les socialistes encore au pouvoir en France sont justement en train de prendre congé de la Realpolitique. » Leur candidat Benoît Hamon est en rivalité avec Jean-Luc Mélenchon. En politique extérieure et en particulier vis-à-vis de l’Europe, leurs positions sont irréconciliables.
« Le discours de Mélenchon sur la paix, c’est Georges Marchais dans les années 1960, affirme Daniel Cohn-Bendit dans Libération. C’est la même chose. Un pacifisme antiaméricain bête et méchant. Ce n’est pas comme cela que l’on va sauver la planète ou résoudre le problème de la Syrie, en se mettant d’accord avec Poutine et Assad. En disant « je renégocie les traités européens et en cas d’échec, je sors la France de l’euro », Mélenchon joue à la roulette russe sur l’Europe. » Et Daniel Cohn-Bendit ajoute : « On ne sacrifie pas l’Europe, on se bat pour qu’elle bouge. »
Tim Farron, du parti Lib-Dem britannique, a déclaré à Politico : « Nous apprenons tout ce que nous pouvons de la campagne de Macron. Il croit dans une politique et dans un pays ouvert, tolérant et uni, et c’est quelque chose que nous partageons. » « Le candidat sans parti enthousiasme les jeunes et les électeurs éduqués… Comme Européen français, il est la vraie solution de rechange à Marine Le Pen. » C’est la conclusion de Christian Wernicke, (Tages Anzeiger, 31 janvier)
Nicole Bastian , du journal économique allemand Handelsblatt, espère que les électeurs préféreront Macron à Le Pen : « Une fois de plus, la force motrice de ces élections est un mélange qui a trois composantes : la frustration des électeurs — en partie compréhensible — à l’endroit de la politique établie et des problèmes structuraux, une pure envie de protester et la faiblesse des adversaires politiques. Un président Macron serait en soi aussi une rupture avec l’establishment : un ex-banquier d’affaires de 39 ans, qui n’a jamais été élu à une fonction politique et qui essaie de dynamiter les barrières entre socialistes et conservateurs. »
L’avenir du libéralisme
Beaucoup de commentateurs vont plus loin et voit en Macron le « sauveur » de l’Europe : « Macron pourrait couper l’herbe sous le pied du populisme d’extrême-droite », espère le Finlandais Aamulehti : « Si l’on parvient à éviter un séisme politique, il est très probable qu’au deuxième tour, Marine Le Pen se trouvera face à Emmanuel Macron. Cette option serait également un ’bon’ choix, puisque Le Pen, inspirée par la décision britannique de quitter l’Union européenne, a promis aux Français de les consulter par référendum sur le maintien ou non de leur pays au sein de l’UE. … Quant à Macron, c’est un Européen convaincu et en plus un nouveau libéral avec un léger penchant vers la gauche. L’UE est tombée en disgrâce à un moment où les citoyens ont cessé de croire et à la gauche traditionnelle et à la droite modérée. La fraîcheur d’un nouveau libéralisme pourrait tout à fait sauver l’idée européenne et éviter la percée du populisme d’extrême-droite. »
Il pourrait redonner souffle à l’Europe, dit Vicente Jorge Silva, dans le journal portugais Publico : « Les élections françaises sont l’épreuve du feu pour la survie de l’UE – et une victoire de Marine Le Pen en serait la mort programmée. En ces temps de la ’folie Trump’ et de l’hostilité déclarée envers l’UE, le triomphe de Macron serait l’occasion de faire revivre l’esprit du projet européen […] Il pourrait relancer le moteur franco-allemand, peut-être même en tandem avec Martin Schulz, le candidat social-démocrate à la chancellerie. »
L’avenir de l’Europe dépend désormais de Macron, lit-on dans le quotidien Cinco Días : « Macron a débuté sa campagne électorale dans les zones ouvrières désindustrialisées où habitent de nombreux chômeurs et immigrés — les bastions du Front National. Et au lieu d’attiser les craintes ancestrales des Français, il y a tenu un discours inhabituel : les immigrés ne sont pas coupables, a-t-il dit, et les expulser ne résoudrait rien. Il a souligné en revanche la nécessité de réformer les prestations sociales, afin de préserver l’intérêt général. Macron a critiqué le nouveau protectionnisme américain, tandis que la majorité des politiques européens (à quelques louables exceptions près) ne bronchent pas. … Il semble maintenant être en mesure de triompher de Le Pen au second tour des élections. »
Le Dagens Nyheter (Suède) compare Macron au Premier ministre canadien Justin Trudeau : « En 2015, Trudeau a accédé au pouvoir parce qu’il était porteur d’espoir, grâce à son aura, bien qu’il fut dépourvu d’expérience politique notable […] Trudeau et Macron sont les nouvelles vedettes du libéralisme." Directeur du Centre for European Reform, Charles Grant arrive à la mêmem conclusion à partir d’une autre comparaison. Macron, c’est « à la fois Jacques Delors et Tony Blair, deux européens convaincus qui ont défendu des versions pragmatiques et vraiment libérales de la social-démocratie. Comme Delors, qui est entré en politique pour travailler avec un premier ministre gaulliste, Jacques Chaban -Delmas, et est devenu ensuite un ministre des finances socialiste, Macron est un outsider politique qui n’est ni de droite ni de gauche …Comme Blair en ses débuts, il est jeune, frais et charismatique, et un grand communicant. Et comme Blair, il touche des électeurs qui normalement ne soutiendraient pas un libéral en économie pro EU et pro-émigrés. »
« Cette année, beaucoup de commentateurs paresseux ont réunis les pointillés des tendances du Brexit, de Trump et des populistes continentaux pour prédire la mort du libéralisme, de l’internationalisme et de l’UE. Une victoire de Macron suggérerait qu’ils se trompent. »