En Sarre, une semi-bonne nouvelle pour Angela Merkel

La CDU, le Parti chrétien démocrate d’Angela Merkel, a remporté un succès, le dimanche 25 mars, aux élections régionales de Sarre. Avec 35,2% des voix, elle arrive en tête devant le Parti social-démocrate (SPD) – 30,6%. La gauche radicale, Die Linke, menée par Oskar Lafontaine, ancien ministre-président de ce Land, est en troisième position avec 16,1% des suffrages, mais elle perd cinq points. Les Verts franchissent difficilement la barre des 5% nécessaires pour être représentés au Parlement. Le parti des Pirates obtient 7,4%, tandis que le Parti libéral (FDP) perd 8 points à 1,2%.

La Sarre est, en dehors des villes-Etats, le plus petit Land de la République fédérale. Mais les élections qui ont eu lieu le dimanche 25 mars étaient observées avec intérêt dans l’ensemble du pays. Elles pourraient être un signal pour le renouvellement du Bundestag en septembre 2013. Après le scrutin régional de 2009, la Sarre avait innové. Pour la première fois, une coalition dite « Jamaïque » avait vu le jour, alliant le bleu des chrétiens-démocrates, le jaune des libéraux et le vert des écologistes, comme le drapeau de la Jamaïque. En janvier, la chef du gouvernement Annegret Kramp-Karrenbauer (CDU) a dissous la coalition, arguant du fait qu’elle ne pouvait pas appliquer son programme d’austérité dans une région au bord de la faillite.
Sa décision de dissoudre le Parlement régional avait été mal reçue par Angela Merkel. La chancelière craignait en effet que de mauvais résultats de son parti et des libéraux, ses alliés à Berlin, n’aient des conséquences négatives sur le gouvernement fédéral. Après le scrutin de dimanche, elle n’est qu’à moitié rassurée. Certes Annegret Kramp-Karrenbauer a gagné son pari. Son parti se maintient à la première place et oblige le SPD à former une grande coalition. Le leader social-démocrate régional, Heiko Maas, qui a de grandes ambitions nationales, a été obligé de reconnaître sa défaite. Arrivé en deuxième position, il n’a d’autre choix que d’être le junior partner de la CDU. L’autre solution serait une alliance avec la gauche radicale d’Oskar Lafontaine mais les sociaux-démocrates ont exclu cette éventualité.

La descente aux enfers des libéraux

La bonne tenue de la CDU est une nouvelle positive pour Angela Merkel.
En revanche, la descente aux enfers de ses alliés libéraux a de quoi l’inquiéter. Alors que le FDP avait obtenu environ 14% des voix aux élections législatives de 2009, il se retrouve au-dessous du seuil des 5% dans les sondages. Le changement de président entre Guido Westerwelle, ministre des affaires étrangères, et Philip Rösler, ministre de l’économie, ne lui a pas permis de remonter la pente. Le gouvernement fédéral n’a pas de majorité dans le pays et les chances d’une nouvelle coalition « bourgeoise » après les élections générales de 2013 sont très faibles.
Une grande coalition entre la CDU et le SPD est-elle l’issue la plus probable ? Tout le laisse à penser aujourd’hui mais deux autres élections régionales au mois de mai donneront des indications plus sérieuses. D’abord au Schleswig-Holstein, le dimanche 6 mai, et surtout une semaine plus tard en Rhénanie-Westphalie, le Land le plus peuplé où vit un Allemand sur quatre. Dans ce Land, qui comprend la Ruhr, une région économiquement sinistrée, la coalition sortante rouge-verte a de bonnes chances d’être reconduite. Tous les regards seront tournés vers les libéraux menés par leur ancien secrétaire général. Christian Lindner sera-t-il en mesure d’arrêter la chute ?