Le continent africain est parsemé de conflits, du Mali à la Somalie, en passant par le Congo. Les causes de ces conflits sont multiples. On peut déjà remonter à la conférence de Berlin en 1885 et à la colonisation européenne du continent qui vont fixer les frontières des colonies puis des États nouvellement indépendants. Ces frontières, tracées à la règle sur une carte, ne respectent pas la répartition des peuples, des cultures, des dialectes et sont sources perpétuelles de conflits. On peut aussi citer le néo-colonialisme à l’œuvre depuis les indépendances, qui pille les ressources des pays africains et plonge les populations dans la misère.
Le Ghana et le Burkina Faso, respectivement 7ème et 15ème producteurs d’or au monde ne sont que 135ème et 168ème pour le PIB (Produit Intérieur Brut)/habitant. De même, le Nigeria, plus gros producteur de pétrole en Afrique et 14ème au niveau mondial n’est que 141ème pour le PIB/habitant. [1] Ajoutons à cela l’affirmation d’une nouvelle génération d’Africains, en rupture avec les modèles du passé, qui compte bien prendre son destin en main ainsi que l’appétit croissant de nouvelles puissances qui s’implantent durablement sur le continent et on se retrouve avec des situations très conflictuelles.
Les puissances étrangères sont très présentes en Afrique. Elles ne sont pas nécessairement la cause des conflits mais souvent le catalyseur. Si les autorités françaises pointent du doigt l’influence russe dans les récents événements au Mali, au Burkina-Faso et au Niger ce n’est pas aussi simple que cela. Les Russes, comme les Chinois, sont effectivement de plus en plus présents en Afrique mais les populations expriment surtout un ras-le-bol de la domination occidentale, notamment française. Au Niger, l’armée française était présente depuis l’indépendance et les richesse du pays sont exploitées par des entreprises françaises. Les Africains veulent simplement se réapproprier leurs pays et leurs ressources.
Pour ce qui est du lien entre ingérence et pauvreté, cela dépend de quelle ingérence on parle. La présence occidentale, en particulier française, est souvent la cause de la pauvreté. L’Afrique est un continent très riche, on y trouve énormément de ressources (hydrocarbures, uranium, or, cobalt, diamants...) mais elles sont exploitées par des entreprises étrangères (des multinationales comme Total ou Areva). De plus, cela alimente souvent de la corruption à différents niveaux, jusqu’au sommet de l’État. Les populations sont donc maintenues dans la pauvreté. Parmi les 30 pays les pauvres, 26 se situent en Afrique, dont les 17 premiers. [2] Face à ce faible niveau de développement, des puissances étrangères (Russie, Chine, Inde) vont se présenter comme de nouveaux partenaires, prompts à aider les pays africains mais jouent, eux aussi, pour leurs propres intérêts.
De nombreux groupes armés s’activent en Afrique, certains se revendiquant ouvertement d’une religion comme Boko Haram au Nigeria, AQMI au Sahel ou encore les Shebabs en Somalie. Leur présence résulte de ce que nous avons dit précédemment, des pays vastes, aux frontières incohérentes et donc difficiles à protéger mais qui regorgent de ressources. De plus, ils vont trouver des populations dans le besoin qui sont prêtes à tout pour s’en sortir. Ces groupes armés vont tenter de s’approprier les ressources et de déstabiliser les États. Ils sont très difficiles à vaincre car très mobiles et opérant dans des régions, comme le Sahel, difficile à surveiller et où les interventions sont compliquées. Tant que les pays africains ne seront pas à un haut niveau de développement et que les populations ne seront pas à l’abri des famines et des épidémies, on assistera à l’émergence de groupes armés, menant des actions violentes et qui tenteront de s’emparer de territoires.
Les répercussions sont importantes. Les groupes armés et les attaques terroristes déstabilisent en profondeur les États. Ils plombent les économies en s’emparant des ressources, en rançonnant les populations locales, en détruisant des infrastructures et en menant des assassinats et des enlèvements. Ils constituent aussi un frein au développement du tourisme qui peut être une importante source de revenus pour certains États (Maroc, Égypte, Kenya). La réponse sécuritaire ne suffira pas à les faire taire, il faut œuvrer au développement de l’Afrique, avec l’aide de la communauté internationale et en impliquant au maximum les populations locales, pour que chacun puisse vivre dignement et que ces groupes ne trouvent plus de soldats pour grossir leurs rangs.