J’ai honte

Francis Gutmann, ambassadeur de France, s’élève contre la frilosité des autorités françaises qui n’agissent pas avec suffisamment de force pour accueillir les réfugiés qui affluent vers l’Europe.

M. Valls, Mme Hidalgo ont-ils oublié comment la France avait accueilli leurs parents, cette France qu’eux-mêmes à présent enrichissent de leur talent ? Sans doute ce n’est point pareil aujourd’hui que la situation d’alors. Il y a d’abord le nombre. Mais tous les migrants ne sont pas des parias, il y a parmi eux des ingénieurs, des professeurs, des archéologues, etc. Quand bien même il y a aussi des parias, ceux-ci n’ont-ils pas le droit à la sécurité quand leur vie chez eux est menacée ?

Nos gouvernants aiment à célébrer les lois de l’Homme, à s’en faire les hérauts. Mais en l’occurrence, il y a un abîme entre le discours et la pratique. L’opposition ne vaut pas mieux, qui pour une fois se terre en silence.

Sans doute les Français s’émeuvent-ils des spectacles que la télévision leur présente. Mais cette émotion à domicile ne les engage en rien. On dit que la France est encore un grand pays, pourquoi alors les Français se comportent-ils ici en petits bourgeois frileux, 56 % d’entre eux, dit-on, souhaitant que surtout on n’en fasse pas trop ?

Ce drame des migrants devrait être considéré d’abord comme une grande cause nationale. Est-il convenable de s’abriter sans cesse à son sujet derrière l’Europe, en invoquant une solidarité européenne qui en l’occurrence a été défaillante depuis le début ? Est-il suffisant d’annoncer le projet de construire –enfin- à Calais un campement dont on sait dès maintenant qu’il sera trop petit et dont on peut craindre au demeurant que la réalisation tardive ne puisse être achevée avant les grands froids ?

Il ne saurait être question de sous-estimer l’ampleur et la grande difficulté du problème des migrants, ni de reconnaître que notre situation économique et sociale ne nous permet pas de faire autant qu’il le faudrait. Mais ce n’est pas une raison pour faire aussi peu.

Il fut un temps, bien révolu, où l’on parlait partout dans le monde de la France terre d’asile.