Au G20 de Hambourg, Donald Trump isolé sur le climat

Le sommet du G20 à Hambourg a eu lieu, du vendredi 7 au samedi 8 juillet, au milieu de violences qui ont fait plusieurs dizaines de blessés parmi les manifestants et les forces de l’ordre et dévasté certains quartiers de la ville portuaire. A l’abri dans le Centre de foires et de conférences, les dirigeants des vingt Etats les plus riches du monde, y compris des Etats africains et moyen-orientaux, ont passé en revue un vaste ordre du jour, de la lutte contre le réchauffement climatique au terrorisme. Pour la première fois depuis l’existence de ces réunions décidée en 2008 au G8 de Heiligendamm en Allemagne, les Etats-Unis se sont retrouvés isolés. Dix-neuf participants ont déclaré que l’accord de Paris de 2015 sur le climat était « irréversible » tout en prenant acte de la position à part de Donald Trump. Emmanuel Macron a annoncé la tenue à Paris d’un sommet à la fin de l’année pour faire le point sur les avancées de la COP21.
Nous publions ci-dessous une synthèse des travaux du G20 adaptée de plusieurs analyses des experts du magazine allemand Der Spiegel.

Angela Merkel et Donald Trump à Hambourg
Keystone

Lutte contre le réchauffement climatique

Personne ne pouvait sérieusement penser que Donald Trump changerait d’avis après avoir annoncé au lendemain du G7 de Taormina que les Etats-Unis se retiraient de l’accord de Paris. C’est cependant un demi-succès pour Angela Merkel de pouvoir annoncer que 19 Etats considèrent cet accord comme « irréversible ».
Le sommet a adopté un plan pour concentrer l’aide au développement et les investissements dans les infrastructures sur la protection du climat. Les craintes que certains pays, comme la Russie et l’Arabie saoudite, tentent de profiter du précédent américain pour se retirer de l’accord, se sont révélées vaines. Seul le président turc, Recep Tayyip Erdogan a déclaré que son parlement ne ratifierait pas l’accord si la Turquie n’était pas classée dans le groupe des pays en voie de développement et à ce titre éligible à des aides spéciales.
Dans l’ensemble, le sommet de Hambourg n’apporte pas d’avancées spectaculaires dans la réduction des gaz à effet de serre et la limitation du réchauffement climatique. Au moins ne constitue-t-il pas une régression.

Le commerce international

De même s’agissant des échanges économiques internationaux, le G20 de Hambourg ne change pas grand-chose et pour les experts, c’est déjà un point positif. Le « G19 » — tous moins les Etats-Unis – devait défendre le statu quo contre les tentations protectionnistes du nouveau gouvernement américain. Lors d’une réunion des ministres des finances du G20 au mois de mars, la délégation américaine avait empêché la mention habituelle dans le communiqué final du refus du protectionnisme. Elle réapparaît dans le texte adopté par les chefs d’Etat et de gouvernement du G20.
Donald Trump a cependant obtenu une petite satisfaction : le G20 demande un rapport sur la manière dont les surcapacités mondiales d’acier pourraient être réduites. En arrière-plan, la menace du président américain d’appliquer des droits de douane aux exportateurs européens et chinois accusés de dumping.
Toutefois une évolution de la rhétorique témoigne de la prise en compte par le G20 d’un changement dans l’attitude par rapport au libre-échange et à la mondialisation. Ce changement a été manifeste lors du référendum sur le Brexit et l’élection présidentielle américaine. Lors du dernier G20 de Hangzhou, en Chine en 2016, on avait affirmé la nécessité de « mieux faire comprendre » les avantages du commerce et de l’ouverture des marchés. A Hambourg, le G20 déclare « reconnaitre que les avantages du commerce international et des investissements internationaux ne sont pas suffisamment distribués ».

Le combat contre le terrorisme

C’était véritablement le seul point de consensus, sur le thème : "Nous voulons faire plus ». Le G20 veut améliorer l’échange d’informations et assécher les sources de financement du terrorisme. Un vœu pieux répété inlassablement depuis les attentats du 11 septembre 2001.
Les Etats du Golfe arabo-persique continuent d’être des bases arrières pour des groupes ou fondations qui financent le terrorisme. Mais au-delà, Angela Merkel a fait remarquer que les pays européens étaient la cible d’attentats souvent individuels qui n’exigeaient pas de gros transferts d’argent. Des attentats « low cost ».

Un G20 en Arabie saoudite ?

Les participants au G20 partagent des intérêts, pas des valeurs. Il n’est donc pas étonnant que l’Arabie saoudite, en tant que seul Etat arabe membre du G20, ait été citée comme pouvant être le pays hôte du sommet en 2020.
Il n’en reste pas moins que la décision apparaît contestable compte-tenu de la situation géopolitique dans la région. Riyad et les émirats du Golfe ont lancé une offensive diplomatique contre leur voisin qatari, accusé de soutenir le terrorisme. Le boycottage du Qatar risque de déboucher sur un conflit régional, l’émirat étant soutenu par la Turquie et par l’Iran. Car derrière le Qatar, c’est bien l’Iran qui est visé. Téhéran et Ryiad se disputent l’hégémonie sur la région et sur les populations musulmanes, chiites ou sunnites.
Avec la décision du G20, le prince Mohammed ben Salman, que son père vient de désigner comme l’héritier du trône passant outre les règles tacites de la succession, ne peut que se sentir conforté dans ses ambitions politiques. A l’extérieur, c’est lui qui est à l’origine de la guerre au Yémen contre les Houthis soutenus par l’Iran. A l’intérieur, il a conçu le plan « Vision 2030 » qui vise à transformer l’économie saoudienne pour réduire pas à pas sa dépendance par rapport au pétrole.