On ne l’avait pas vu venir. Parmi la dizaine de candidats à la candidature républicaine, Marco Rubio était censé faire un tour de piste, un échauffement pour des échéances plus lointaines. A 44 ans, il paraissait un peu tendre par rapport à Donald Trump et surtout à Jeb Bush, ancien gouverneur de Floride, qui avait été son mentor. Accomplissant son premier mandat de sénateur – comme Barack Obama en 2008 —, il n’avait ni l’expérience ni la notoriété qui étaient supposées lui permettre de prétendre représenter la droite face à Hillary Clinton.
Son score inattendu dans l’Iowa bouleverse la donne. Marco Rubio laisse derrière lui une cohorte de candidats qui ont eu du mal à décoller, y compris Jeb Bush, le troisième de la famille à postuler pour la présidence des Etats-Unis. S’il arrive seulement troisième, il recueille cependant près d’un quart des suffrages, légèrement moins que Donald Trump, dans un Etat qui ne lui était a priori pas favorable. Immigré cubain de la deuxième génération, catholique, il n’a pas l’avantage comme l’autre descendant d’immigrés, Ted Cruz, arrivé en tête, d’avoir le soutien des chrétiens évangéliques très puissants dans l’Iowa.
Un conservatisme bon teint
Pour l’establishment du Parti républicain inquiet de la dérive populiste alimentée à la fois par le Tea Party et par la gouaille de Donald Trump, Marco Rubio représente un conservatisme bon teint susceptible de réunifier la droite. Au Sénat, il a toujours défendu des positions très conservatrices, notamment sur les questions de société. En revanche, il veut faciliter l’accès aux universités, ce qui lui a valu le vote des jeunes dans l’Iowa. Et il a fait partie du « gang des huit », un groupe bipartisan de sénateurs qui ont soutenu les Démocrates dans la réforme des lois sur l’immigration.
Il est certes partisan de lutter contre l’afflux de clandestins mais il veut faire montre d’une certaine souplesse vis-à-vis des immigrés déjà présents sur le sol américain. Il sait qu’il aura besoin du vote des Latinos et semble disposé à respecter un équilibre entre la mise en avant de sa qualité de fils d’immigré et le refus d’exploiter ce statut. C’est exactement la stratégie adoptée par Barack Obama en 2008 : ne pas apparaître comme le candidat des Noirs tout en faisant discrètement appel au vote de la communauté afro-américaine.
A l’issue du caucus de l’Iowa, Marco Rubio a déclaré avoir la capacité d’unifier les Républicains. C’est, avec sa jeunesse, son principal atout qui se reflète dans les sondages nationaux : face à Hillary Clinton, il semble le mieux placé pour empêcher une nouvelle présidence démocrate. Pour le Parti républicain et pour les donateurs dont Marco Rubio aura besoin pour rester dans la longue course des primaires et tenir jusqu’à la convention de juillet, l’argument pèse lourd. Pour poursuivre sa route, il doit arracher un succès, le mardi 9 février, dans la prochaine primaire du New Hampshire, un Etat de la côte est où les Républicains modérés sont largement représentés.