L’Espagne quitte le Kosovo

Les Etats-Unis ont fait savoir, le 20 mars, qu’ils avaient été « profondément déçus » par la décision de l’Espagne, annoncée la veille, de retirer son contingent (632 soldats) au sein de la Force multinationale dirigée par l’OTAN au Kosovo, la Kfor (15 000 soldats, dont 1 500 américains). (Sources : AFP, RFI, Tageblatt). 

« En 1999, les alliés de l’OTAN s’étaient mis d’accord sur le principe : on entre tous ensemble, on sort tous ensemble. Nous avons donc été surpris par cette décision » a déclaré le porte-parole du département d’Etat, Robert Wood. Le Premier ministre espagnol, José Luis Zapatero, avait expliqué que la région était devenue stable et que la présence du contingent espagnol au Kosovo avait perdu « une partie de son sens » avec la déclaration d’indépendance prise unilatéralement le 17 février 2008 par ce pays. Depuis, le nouvel Etat Kosovar, territoire du sud de la Serbie à majorité albanaise, a été reconnu par 55 Etats, dont les Etats-Unis, et 22 des 27 pays de l’UE. Mais pas par l’Espagne. La Serbie, soutenue par la Russie, s’oppose farouchement à l’indépendance de pays qu’elle considère comme sa province méridionale.

Lors d’une visite officielle à Madrid du président serbe Boris Tadic, le 9 mars dernier, le chef du gouvernement espagnol lui avait promis de ne jamais reconnaître l’indépendance du Kosovo, et que l’Espagne (elle-même en butte à des mouvements séparatistes) ferait tout son possible pour que Belgrade intègre l’UE. La Grande-Bretagne avait elle-même annoncé une réduction de son contingent (167 membres) au Kosovo en raison de « l’amélioration de la situation sur le plan de la sécurité ».
Il y a dix ans (exactement le 24 mars 1999), les premières bombes de l’OTAN étaient lâchées au-dessus de la Serbie, après l’échec des négociations sur un plan de paix devant mettre fin aux combats opposant l’armée serbe aux séparatistes albanais du Kosovo (plus de 2 000 morts et 400 000 déplacés en 1998). Il reste actuellement quelque 120 000 Serbes au Kosovo. Des tensions interethniques ressurgissent de temps en temps, démontrant que dix ans après la guerre, la situation est calme mais reste très tendue.