L’affaire de corruption en France pèse aussi sur l’Europe

La révélation de l’affaire des pots-de-vin impliquant l’héritière de L’Oréal, Liliane Bettencourt, le président de la République et d’autres politiques conservateurs en France a pour effet collatéral de paralyser aussi une Europe ébranlée par la crise, écrivent les commentateurs.

 

En tout cas, cette affaire de corruption liée au président Sarkozy « menace la réforme programmée des retraites et affaiblit l’axe franco-allemand », constate le Financial Times Deutschland (07.07.2010). Le quotidien libéral estime que les chances de réélection sont désormais proches de zéro. Car le dernier espoir électoral de Sarkozy était un succès dans le réaménagement du système des retraites, qui devait le faire passer de nouveau pour un président réformateur courageux. Sarkozy peut désormais faire une croix sur la réforme : car c’est précisément Eric Woerth, soupçonné d’avoir accepté 150.000 euros de l’héritière de L’Oréal, qui devrait la mettre en œuvre. »

« L’UE ne pourra pas vraiment s’appuyer sur l’axe franco-allemand pour les temps à venir », poursuit le journal allemand. « Les deux pays sont paralysés politiquement pour une période indéterminée. Cela ne fait pas qu’augmenter le risque de voir les populistes de droite se renforcer, cela amenuise aussi l’espoir de voir venir d’Europe des idées intelligentes pour établir une économie mondiale plus résistante aux crises", conclue-t-il.

Quatre leaders affaiblis

Le président Nicolas Sarkozy," mais aussi les cercles dirigeants en Allemagne, Espagne et Italie sont politiquement sous pression", estime de son côté le journal économique belge De Tijd (07.07.2010), et cela aurait des conséquences pour l’Europe : "Force est de constater que les dirigeants des quatre plus grands Etats membres de l’UE sont d’une manière ou d’une autre touchés politiquement, au moment précis où ils devraient diriger leur pays avec dynamisme ». Pour l’Europe, poursuit le journal, disposer de leaders politiques affaiblis n’est pas non plus une bonne nouvelle. « De grands défis attendent l’Union européenne ; ils nécessitent des personnalités énergiques qui osent prendre des décisions. Mais nous avons maintenant des dirigeants affaiblis, contraints de se préoccuper davantage de leur propre crémerie pour y limiter les dommages politiques. Ainsi, la crise financière ne provoque pas seulement des dégâts économiques, mais aussi de sérieux troubles politiques."