A la traîne dans les sondages après un démarrage fulgurant à la fin de l’année dernière qui commençait à inquiéter les partisans d’Angela Merkel, Martin Schulz, le candidat social-démocrate à la chancellerie, a présenté de nouvelles idées économiques. Celles-ci viennent compléter les propositions qu’il avait déjà faites au début de l’année pour corriger les réformes Schroeder concernant le marché du travail et pour introduire une fiscalité supposée plus juste.
Contrepartie à la rigueur
Dans le programme électoral du SPD apparaissent deux nouveaux concepts : l’obligation (pour l’Etat) d’investir et le « compte chance » pour tout adulte.
L’obligation d’investir est présentée comme la contrepartie du « frein à l’endettement », sorte de règle d’or, introduite dans la Constitution allemande en 2009, qui fixe un plafond de 0,35% au déficit budgétaire par rapport au PIB (sauf circonstances exceptionnelles). L’obligation d’investir est comparée au régime minimal d’un moteur au point mort (Mindestdrehzahl). Elle limiterait les excédents budgétaires, en fixant une limite au-delà de laquelle l’Etat devrait investir dans les infrastructures, les routes, les voies ferrées, l’énergie, le système de santé, les technologies modernes, la formation, etc. Le programme social-démocrate ne précise pas la nature de cette limite mais considère qu’il faudrait investir plus de 30 milliards d’euros au-delà de ce qui est déjà prévu, au cours des autre prochaines années.
Cette partie du programme a été essentiellement conçue par l’économiste Hendrik Enderlein, de l’Institut berlinois Jacques Delors, qui, en 2014, avait rédigé avec Jean Pisani-Ferry, également conseiller d’Emmanuel Macron, un rapport sur les réformes croisées devant être entreprises en France et en Allemagne. Ce rapport a connu le sort malheureux de beaucoup de ses semblables mais il serait peut-être opportun de le ressortir des tiroirs. Emmanuel Macron et Angela Merkel ne viennent-ils pas de se mettre d’accord pour accélérer les projets communs ?
Une vache et un lopin
La deuxième idée est la création d’un « compte de chance » (Chancenkonto) qui serait ouvert par l’Etat à tout adulte au début de sa vie professionnelle. 40 millions de salariés seraient concernés. Ce compte servirait à la formation continue ou à un changement d’orientation, voire à un travail dans des associations ou à une année sabbatique. A terme ce « compte de chance » pourrait être doté de 20 000 €, avec 5000 € pour débuter. Il serait totalement indépendant des allocations chômage. Son financement n’est pas précisé dans le programme du SPD mais un secrétaire d’Etat au ministère du travail a évoqué une augmentation de l’impôt sur les successions.
Il ne s’agit pas à proprement parler d’un revenu minimum universel tel que l’avait proposé le candidat socialiste Benoit Hamon pendant la campagne présidentielle. Plutôt d’un capital mis à la disposition de tous pour commencer dans la vie, une référence sans doute involontaire au libéral Thomas Paine, un des « pères fondateurs » des Etats-Unis, qui voulait donner à chacun une vache et un lopin de terre.