Kathimerini - Grèce
La crise a transformé les Grecs
En Grèce, les fonctionnaires ont massivement choisi en 2010 de se mettre en préretraite afin d’échapper aux mesures d’austérité du gouvernement socialiste. Sur cette toile de fond, le quotidien conservateur Kathimerini analyse le comportement des Grecs pendant la crise : "Nous avons abandonné de petites et de grandes habitudes, nous avons dit adieu à certaines choses et appris à nous limiter sur d’autres. Nous avons essayé de nous accommoder des pertes. … Untel prendra quelques jours de vacances en moins, … un autre se privera d’une paire de chaussures pas totalement indispensables ou d’une gâterie au repas. … Nous avons dû tirer un trait sur ce qui nous apportait un surplus de joie et oublié la certitude que le travail nous garantissait le lendemain (et le surlendemain). … Peut-être que les retraités feront un nouveau départ et que les départs massifs à la retraite apporteront des changements et des surprises. Peut-être que la pauvreté mènera à une rationalisation. Si nous sommes contraints à des décisions, peut-être que les pertes permettront de réévaluer ce qui est essentiel et ce qui l’est moins." (29.12.2010)
Die Welt - Allemagne
La confiance allemande est positive pour l’Europe
Les Allemands sont apparus l’année dernière plus sûrs d’eux au sein de l’UE et cela n’a pourtant pas nui à leur réputation, estime le quotidien conservateur Die Welt : "Même lorsqu’Angela Merkel a évoqué à l’apogée de la crise irlandaise la participation de créanciers privés, augmentant encore les taux appliqués aux obligations publiques des Etats en faillite, les critiques sont restées relativement modérées. Aucune ’grande’ voix ne s’est fait entendre pour défendre les Grecs et les Irlandais. Au cours des derniers mois, la chancelière n’a pas donné l’impression aux Européens que l’Allemagne avancerait comme toujours en brandissant l’étendard d’une solidarité inconditionnelle. Ce n’était pas non plus son objectif. Plus important encore, aucun de ceux pouvant se résoudre à adopter une opinion sincère sur la gestion allemande de la crise ne s’attendait plus à ce que l’Allemagne se montre solidaire. Car ce membre ’tout à fait normal’ de l’UE ne signale finalement rien que les 15 autres Etats de la zone euro ne sachent déjà : à savoir que nous sommes tous dans le même bateau et que son naufrage serait catastrophique pour tous." (29.12.2010)
La Vanguardia - Espagne
Rattrapés par les éléments
Les catastrophes naturelles qui se sont produites cette année devraient nous rappeler, à nous êtres humains, que nous dépendons de l’équilibre de la nature, estime le philosophe slovène Slavoj Žižek dans le quotidien La Vanguardia : "Les grandes catastrophes de l’année 2010 s’accordent avec la représentation traditionnelle du cosmos selon laquelle l’univers est divisé en quatre éléments fondamentaux : l’air (les nuages de cendres d’un volcan en Islande paralysent le trafic aérien européen), la terre (coulées de boue et séisme en Chine), le feu (qui a fait de Moscou un lieu pratiquement invivable) et l’eau (tsunami en Indonésie, inondations déplaçant des millions de personnes au Pakistan). … Le fait qu’une simple éruption volcanique en Islande ait cloué les avions au sol en Europe rappelle deux choses importantes : nous, les humains, ne sommes qu’une des nombreuses espèces habitant cette Terre et dépendons du fragile équilibre de ses éléments." (30.12.2010)
Polityka - Pologne
La Pologne survit à une année de catastrophes
Les catastrophes telles que l’accident d’avion de Smolensk en Russie, où de nombreux grands politiques polonais ont perdu la vie, ont éprouvé le gouvernement polonais et l’ensemble du pays en 2010, constate le magazine d’information Polityka : "La catastrophe d’avril près de Smolensk a été un autre défi difficile pour les dirigeants et l’Etat, lequel est venu à bout de ce fardeau, même si beaucoup ne sont pas de cet avis. Pour une partie de la société, le 10 avril a constitué une rupture ayant privé les dirigeants de leur légitimité à gouverner. Deux inondations au printemps ont par ailleurs mis l’administration à rude épreuve. Pour certains, les autorités du pays ont bien fonctionné, tandis que d’autres y voient un échec total du gouvernement Tusk et la confirmation que le Premier ministre porte malheur, à tout le pays. Car là-dessus est arrivé l’hiver, et avec lui, d’autres problèmes : violentes chutes de neige, gel et de nouvelles menaces d’inondations ont paralysé les trains et les avions." (30.12.2010)
Jornal de Notícias - Portugal
Une année moyenne pour le Portugal
L’année de crise 2010 n’a pas été très favorable pour le Portugal, mais Sérgio Andrade la juge malgré tout positive par rapport à l’année qui s’annonce. Il écrit dans sa chronique hebdomadaire pour le quotidien Jornal de Notícias : "Je vais être à la fois optimiste et pessimiste. L’optimisme pour l’année qui vient de s’achever. Il est agréable de constater que les gens peuvent être généreux. Depuis des semaines, nous sommes poursuivis par les institutions et bombardés par la radio et la télévision - tous nous demandent d’aider les pauvres. … Dommage toutefois que cette vague de solidarité nationale ne se manifeste qu’à Noël, comme si les infortunés ne mangeaient pas le reste de l’année. Le pessimisme vaut pour l’année à venir. Car nous avons été avertis : les choses seront pires qu’elles ne le sont déjà. Revenus et retraites seront diminués et nouvelle année rimera avec augmentation des prix, comme la tradition le veut désormais. … Comme si 2010 n’avait pas déjà été suffisamment dur, 2011 s’annonce plus sombre encore." (28.12.2010)
Helsingin Sanomat - Finlande
Les Etats doivent agir au niveau international
L’année 2010 a une nouvelle fois montré les répercussions des crises et des conflits sur le plan international, estime le quotidien libéral Helsingin Sanomat, qui critique les réactions chauvines de nombreux pays : "Les activités des entreprises sont de plus en plus tournées vers l’international et les risques qui y sont liés ont des répercussions plus importantes. Les échecs et les erreurs se paient aussi davantage qu’auparavant. L’accident sur la plate-forme pétrolière de BP dans le Golfe du Mexique en est un bon exemple. … L’éruption du volcan islandais, dont le nuage de cendres a paralysé presque tout le trafic aérien de l’Europe occidentale, nous a également montré à quel point les frontières s’estompent. … Les sommets internationaux sur le climat de Copenhague et de Cancún ont montré la difficulté de faire passer l’intérêt commun avant son propre intérêt. Il est pourtant indispensable de parvenir à un accord dans la lutte contre le réchauffement climatique. … Le paradoxe de cette année, c’est que de nombreux pays veulent agir de nouveau au niveau national, alors que les crises et leurs solutions sont de plus en plus internationales." (24.12.2010)
Kapital - Bulgarie
Viviane Reding triomphe contre les puissants
La commissaire européenne à la Justice, Viviane Reding, a réalisé un excellent travail cette année, estime l’hebdomadaire Kapital : "Viviane Reding est la meilleure preuve qu’une commissaire européenne ne doit pas être comparée à l’ennui et à la bureaucratie bruxelloise. Rares sont ceux à avoir fait les gros titres autant qu’elle. Cela tient moins à son expérience d’ancienne journaliste - et donc à sa capacité à gérer les médias et attirer l’attention sur elle - qu’à sa détermination à relever et à remporter les conflits. Elle a fait plier les puissants opérateurs de télécommunications, s’est opposée au président Nicolas Sarkozy sur la question délicate des expulsions de Roms et a Google et Facebook dans le collimateur en raison du traitement douteux que ces derniers réservent aux données personnelles. Nous pouvons donc être sûrs que Viviane Reding restera en 2011 l’une des politiques les plus engagées et les plus affirmés de Bruxelles." (24.12.2010)
Élet és Irodalom - Hongrie
La fin de la démocratie hongroise
Lors des élections législatives hongroises en avril de cette année, le parti conservateur de droite Fidesz mené par Viktor Orbán a obtenu la majorité des deux tiers. Depuis qu’il est devenu Premier ministre en mai, Orbán a mené la démocratie hongroise à sa perte, estime la sociologue Mária Vásárhelyi dans l’hebdomadaire libéral Élet és Irodalom : "Il faut chercher les raisons de la mort de la troisième République hongroise dans un fatras de problèmes, de rejets et d’insuffisances. … Les maladies héréditaires et les anomalies congénitales étaient déjà diagnosticables à la naissance de la troisième République. C’est désormais un lieu commun de dire que la transition économique [1989/90] a généré pour la majorité de la société une incertitude existentielle, un déclassement social et une absence de perspectives. … La transition politique aurait pu quant à elle s’effectuer sur la base d’autres scénarios et avec de bien meilleurs résultats, comme nous le montrent aujourd’hui les exemples d’autres pays qui appartenaient également à l’empire soviétique. Le délabrement complet du système politique hongrois est dû entre autres à une absence presque totale de traditions démocratiques, à l’oppression et à l’ignorance des traumatismes et des blessures historiques, ainsi qu’à la terrible hostilité des intellectuels et des politiques de bords différents, qui se livrent une lutte existentielle. … En 2010, toutes les institutions de la démocratie hongroise ont échoué." (23.12.2010)
Blog Voxpublica - Roumanie
Les Roumains plus nostalgiques que jamais
L’année 2010 s’est déroulée pour les Roumains sous le signe de la nostalgie, estime Iulian Leca dans son blog sur le portail Voxpublica : "C’est l’année où les Roumains sont revenus au communisme. L’effondrement de l’Etat-providence et des budgets alloués à l’éducation et à la santé, les mensonges des dirigeants, le spectre d’un naufrage imminent … Tout cela a rendu les Roumains fous. Ils sont d’autant plus nostalgiques de l’époque du ’père unique’ [Ceauşescu], lorsque l’Etat apportait encore la sécurité du travail et que le parti mettait à disposition de chacun un logement gratuit. La liberté n’a plus aucune valeur lorsque l’on est désespéré, lorsque rien autour de soi n’est cohérent et n’a de sens, lorsque tout est régi par le principe du hasard. La torture d’un régime absurde, qui garantissait malgré tout la sécurité face au lendemain et apportait un vague espoir, est alors préférable au chaos et à la crainte inspirée par un système politique qui entraîne tout ce qui l’entoure à la faillite ou ne suscite comme seul espoir que la certitude de la mort." (30.12.2010)
Delfi - Lettonie
La Lettonie ne parvient pas à réduire la pauvreté
L’Union européenne avait proclamé 2010 année européenne de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale. Mais cela ne s’est pas fait sentir en Lettonie, critique le portail Delfi : "Sur ce point, personne n’estime que les choses vont dans le bon sens. Nous avons commencé cette année par des plafonnements pour les allocations chômage et maladie, et même les allocations familiales ont été limitées, aggravant ainsi la tendance à la baisse du taux de natalité dans notre pays. En outre le Parlement élu cette année a annoncé des augmentations d’impôts pour consolider le budget - contrairement aux promesses électorales - au lieu de réformer l’administration. Les retraités font également les frais de ces coupes avec la réduction des compléments aux assurances vieillesse. Mais ce qui jette constamment de l’huile sur le feu, ce sont les exigences des prêteurs internationaux ; et les représentants de la Commission européenne jouent aussi un rôle central à cet égard." (29.12.2010)
Knack - Belgique
La Belgique toujours dans le coma politique
Malgré des élections anticipées en juin de cette année, il n’y a toujours pas de nouveau gouvernement en Belgique. Le pays est dans le coma, estime rétrospectivement Rik van Cauwelaert dans le magazine hebdomadaire Knack : "Depuis trois ans déjà, le Parlement est comme endormi. Dans le meilleur des cas, les députés peuvent prendre un peu l’air … et réfléchir de vive voix sur tel ou tel incident ou même instituer une commission d’enquête. Car les gouvernements belges ne supportent plus aucun système parlementaire. Les députés ne contrôlent plus le gouvernement. Ils maintiennent le gouvernement en vie. … Aujourd’hui, sept partis bricolent un nouvel accord de coalition et un nouveau contrat social. Il semble que cette entente se solde une nouvelle fois par une débâcle constitutionnelle. 2010 n’a pas été une bonne année. Mais comme l’a dit [le politique] Gendebien en 1985 : ’Après une mauvaise pièce de théâtre, les applaudissements ne saluent pas la troupe médiocre mais la fermeture du rideau’." (29.12.2010)
NRC Handelsblad - Pays-Bas
Wilders, signe d’une société affaiblie
Le populiste de droite Geert Wilders a remporté cette année une victoire électorale spectaculaire : le gouvernement minoritaire conservateur dépend du soutien apporté par son Parti pour la liberté. Mais le virage à droite des Pays-Bas reflète l’esprit international, estime le chroniqueur Henk Hofland dans le quotidien NRC Handelsblad : "Ce mouvement est en progression dans tout l’Occident depuis des années. Cela comporte des risques. Depuis le 11 septembre 2001, la société occidentale est de plus en plus fragile. Deux guerres ont été menées depuis afin d’empêcher que les événements ne se reproduisent. Mais on ne peut qualifier l’Irak au mieux d’Etat failli et la lutte en Afghanistan semble vaine. … L’activité des djihadistes a fortement augmenté. Notre réponse : davantage de mesures sécuritaires et davantage de guerres. … Comment nous défendre contre une autre attaque terroriste, toujours envisageable, similaire à celle du 11 septembre ? Quelles en seraient les conséquences pour le pays et pour la politique occidentale ? L’impuissance de la gauche, la dissolution apparemment impossible à endiguer du centre et la progression de la droite affaiblissent la société dans son ensemble." (29.12.2010)
Le Jeudi - Luxembourg
La déchéance de la politique européenne
L’Union européenne gâche son avenir politique en se concentrant trop sur les Etats-Unis, critique l’hebdomadaire Le Jeudi : "L’Europe, parlons-en ! Depuis sa création, elle n’a jamais été gouvernée par des responsables aussi faibles, aussi peu visionnaires voire aussi clownesques que ces temps-ci. Et jamais n’a-t-elle fait fausse route à ce point. Pourtant, elle est à la croisée de demain, aurait besoin d’avoir une alliance ancrée et solide avec la Russie, l’autre pôle du continent, et devrait tisser des liens solides avec l’hyperpuissance de demain, la Chine. Elle n’en fait rien, embourbée dans une fausse relation avec les Etats-Unis. ... Point n’est besoin de rompre avec les Etats-Unis, en particulier ceux de Barack Obama. En revanche, l’intérêt supérieur est ailleurs, et cet ailleurs, c’est l’empire du Milieu." (23.12.2010)