Viva la muerte !

Un centre commercial à Nairobi, une petite ville du Nigeria, une église à Peshwar au Pakistan : lieux de trois massacres récemment perpétrés par des islamistes radicaux qui ont eu de sinistres précurseurs. Une chronique de Gilles Lapouge parue dans O Estado de Sao Paolo.

Un centre commercial à Nairobi, une petite ville du Nigeria, une église à Peshwar au Pakistan : lieux de trois massacres récemment perpétrés par des islamistes radicaux qui ont eu de sinistres précurseurs. Une chronique de Gilles Lapouge parue dans O Estado de Sao Paolo.

 

De gilles à correspondentes. 24 septembre 2OI3. Viva la muerte !

Un jour entre les jours : au Kenya, à Nairobi ( Afrique de l’Est ) des hommes entrent dimanche dans un centre commercial, tirent dans la foule, font 62 morts et 2OO blessé. Dans un autre pays d’Afrique, le Nigeria, des gens du groupe Boko Haram attaquent la petite ville de Borno. Ils mettent le feu aux maisons. Les habitants sortent dans la rue. Les terroristes les abattent. I5O cadavres.

Au Pakistan, en Asie ( près de l’Afghanistan ) un double attentat-suicide vise l’église chrétienne de Peshwar. 5O morts Les kamikazes ont tiré au moment de la sortie de la messe. 

Chacun de ces trois forfaits s’explique par une situation singulière, locale ou régionale. Pourtant, il est clair qu’ils ont un point commun. Ils sont perpétrés par l’islamisme radical qui depuis tant d’années endeuille la terre.

Sans sous-estimer la culpabilité effrayante des « djihadistes » islamiques, on peut se demander si, au-dessus même des « fous de Dieu », un autre délire n‘est pas à l’œuvre. Tout se passe comme si une « Internationale des amoureux de la mort » sévissait sur notre planète depuis un siècle.

Au commencement de la guerre d’Espagne, en I936, une scène a lieu qui pourrait servir de « frontispice » à notre temps et peut-être même à ce long roman ensanglanté que nous appelons « l’Histoire ».

Le I2 octobre I935, une cérémonie a lieu dans l’Université de Salamanque occupée par les soldats fascistes. Le général franquiste Milan Astray, qui est borgne, manchot et unijambiste prononce un discours fou qui se termine par ces mots : « Viva la muerte ».

Le recteur de Salamanque est le grand philosophe Miguel de Unanumo ( « Le sentiment tragique de la vie »).C’est un homme de droite mais il n’est pas fasciste. Il prend la parole. « Je viens d’entendre un cri morbide et dépourvu de sens, Viva la muerte .Ce cri barbare est répugnant » Dans la salle, le désordre est au comble Le général fasciste répète mécaniquement :« Vive la mort. Mort à l’intelligence ! » Les légionnaires fascistes marchent sur le philosophe Unanumo. Celui-ci se retire dignement sous les vociférations. Il va mourir quelques jours plus tard, le dernier jour de l’année I936. De chagrin 

Moins de IO ans plus tard, le IO juin I944, la division allemande Das Reich fait mouvement, en France, vers la Normandie - où a eu lieu le débarquement des Alliés. Les Allemands arrivent dans le village d’Oradour sur Glane. Ils rassemblent tous les habitants du village, sans exception. Ils tirent. 642 cadavres. Quoi d’étonnant ? Depuis plusieurs années déjà, le chef des Allemands, Adolf Hitler célèbre lui aussi son « amour de la mort » en assassinant des millions de juifs dans des chambres à gaz.

 

Aujourd’hui, d’autres adorateurs de la mort massacrent, pour rien, sans même un prétexte, des enfants, des femmes, des paysans, des pacifiques d’un bout à l’autre de l’Afrique et de l’Asie. Ils apportent au vieil amour de la mort que célébraient le général franquiste de Salamanque, les soldats allemands de Das Reich et les spécialistes des chambres à gaz, cette amélioration. Ils ne se contentent pas d’aimer la mort des autres. Ils aiment aussi leur propre mort, puisque leurs « kamikazes » rejoignent leurs victimes, dans le même néant. Les kamikazes tuent leurs ennemis avec cette « arme absolue » : leur propre mort.