Une once d’optimisme

Dans un commentaire publié le 30 juin par le quotidien Kathimerini (centre-droit), Takis Theodoropoulos veut croire que la raison l’emportera au moment du vote du dimanche 5 juillet sur les propositions des créanciers de la Grèce et que "oui" l’emportera, contrairement aux souhaits du gouvernement de la gauche radicale présidé par Alexis Tsipras.

bulletin de vote pour le référendum

Je me demande pourquoi je me sens optimiste tout au fond de moi. C’est peut-être à cause de la manière dont j’ai été élevé, la croyance dans les cultures grecque et européenne que le comportement des hommes est guidé par la raison. Vous pouvez me trouver naïf. L’irrationalisme est, après tout, une force historique puissante, souvent même irrésistible. Il n’a pas été inventé par la Grèce d’aujourd’hui ni par les prima donna pleurant la « souveraineté », la « dignité » et la « nation orpheline ». Par conséquent mon optimisme ne s’enracine pas dans la certitude que les Grecs vont choisir finalement la voie la plus sage.
Ce qui me rend optimiste est le fait que ceux qui ont orchestré le coup de dimanche n’ont pas caché leur incompétence et leur lâcheté en demandant au peuple de prendre la responsabilité d’un échec dont ils sont entièrement responsables. Ce n’était pas le peuple qui négociait ces derniers mois. C’était eux et ils ont échoué sur tous les fronts. Ont-ils agi par ruse ? L’échec faisait-il partie du plan ? Peut-être. Ont-ils atteint leur objectif ? Peut-être. Bien que je ne les crois pas capables ou assez décidés pour avoir eu dès l’origine un objectif. Il est apparu en cours de route comme la conséquence inévitable de leur échec.
L’arrogance, la lâcheté et la stupidité, tout comme la fraude rusée, ne marchent jamais à long terme. « Vous ne pouvez pas tromper tout le monde tout le temps », disait le président des Etats-Unis Abraham Lincoln. Eschyle l’avait dit aussi quand, beaucoup de siècles auparavant, il avait écrit à propos de Até, une déesse qui provoquait chez les mortels un comportement irrationnel mais dont l’effet n’était pas permanent. Je suppose que le référendum de dimanche se terminera de la même manière que la mobilisation des troupes pour l’invasion de Chypre en 1974. Cela révélera le déclin avancé de l’appareil d’Etat et rendra vulnérables ceux qui ont appelé au plébiscite. Sans aucun objectif qu’ils semblent vouloir révéler, avec le même niveau d’organisation qu’un sit-in à l’université et un électorat occupé à faire la queue devant les distributeurs de billets, le gouvernement Syriza –Grecs indépendants s’entraîne pour le prochain échec. Si on ajoute les « vertus » mentionnées ci-dessus et son cynisme général, son alliance avec les néo-nazis pour le référendum deviendra plus solide. Ils ont échoué dans tout, et je ne vois aucune raison pour laquelle ils n’échoueraient pas non plus dans leur dernier mouvement. Les Grecs sont peut-être naïfs mais je crois qu’ils ont l’instinct de conservation et ne prendront pas la responsabilité de l’échec. A moins que …
Je suis optimiste parce que je continue à croire dans le pouvoir de l’Europe. Il est certainement plus grand que celui des Narcisses à la grosse tête qui sont supposés le menacer. Les Européens savent qu’est-ce qui les attend. Je suppose que les électeurs grecs verront aussi l’immoralité de ceux qui jouent aux dés le sort du pays parce qu’ils ont peur de gouverner, parce qu’ils sont habitués à être en politique sans porter aucune responsabilité.