Plus étonnant encore sont les résultats dans les pays pourtant plus proches des Etats-Unis. Seulement 33 % des Mexicains et 39 % des Turcs voient la main d’Al-Qaïda derrière le 11 septembre. Même en Europe, les chiffres peinent à dépasser les 60 % (63 % en France, 57 % au Royaume-Uni, 54 % en Italie).
De tels résultats sont évidemment lourds de sens. Si on peut en expliquer une partie par l’attrait qu’ont toujours suscité les théories du complot et la certitude qu’existent une foule de dossiers secrets au fond des armoires, on ne peut se contenter de cette seule explication. Ces chiffres, surtout dans le monde arabe, sont peut-être le premier et le plus grave échec de la « guerre contre le terrorisme » : ne pas avoir réussi à convaincre les populations de la sincérité de la cause.
Rien ne disposait a priori les populations arabes à rejeter la lutte contre le terrorisme (Al-Qaïda commet plus d’attentats dans le monde arabe qu’en Occident), si ce n’est le fait que, telle qu’elle a été présentée et menée par l’administration Bush, elle a été ressentie comme une agression contre l’ensemble du monde arabe, voire contre les musulmans eux-mêmes. D’où cet étrange renversement : l’intervention irakienne est pointée, dans les commentaires recueillis, comme la preuve ultime que les Etats-Unis voulaient s’en prendre aux Arabes, donc que le 11 septembre ne peut être qu’un prétexte monté de toute pièce.