A quoi joue donc le monde ?

Président-fondateur du Forum pour l’Europe démocratique et ambassadeur de bonne volonté du Conseil de l’Europe, Francis Rosenstiel livre à Boulevard Extérieur sa lecture de l’actualité.

S’agit-il d"’à qui perd gagne", s’agit-il du poker menteur, s’agirait-il plutôt de cache-cache, ou bien alors d’un savant mélange de tout à la fois ? La réponse importe peu, seule compte la crédibilité du joueur pour son propre camp : l’objectivité inversée en quelque sorte !

Qu’il s’agisse du résultat des élections en Iran ou en Afghanistan, de la libération/troc du responsable de la catastrophe de Lockerbie, ou bien encore des tribulations de "l’Arctic Sea" dans les eaux africaines, les mixages "ludiques" de la "Realpolitik" fascinent les imaginations et laissent le public pantois.

Justice, morale, vérité, logique paraissent ne guère peser dans cette balance là, sinon peut-être dans un surprenant désordre. La politique est ce qu’elle est, le politique aussi répondra-t-on ; ne mélangeons pas les genres !

Mais l’homme n’est-il que "multidimensionnel" ? Max Weber est-il bien mort ou bien n’a-t-il jamais existé avec son éthique de conviction taquinant son éthique de responsabilité, ou bien faudrait-il laisser toutes ces balivernes aux curés, aux rabbins et aux imams ? Mais que faire alors des libres-penseurs et des athées ? Les "sans-boussole" sont-ils d’emblée condamnés à se perdre et accessoirement à en perdre d’autres qui les croient !

Les détenteurs de certains pouvoirs de par le monde sont-ils disposés à interroger par référendum tous ceux qui les "supportent", si leurs actes successifs sont également et indifféremment crédibles ?

Les élections sont précisément faites pour cela, répondra-t-on,... l’absence d’élections aussi !

On ne peut tout de même pas instaurer la démocratie permanente, partout et toujours !

D’ailleurs la démocratie n’est-elle pas aussi une fragilité institutionnalisée ? Alors, un peu plus ou un peu moins !

Justement ! Einstein n’est pas passé par là, mais le bon Jean-Jacques Rousseau et ce trouble- fête de Machiavel qui veut toujours avoir le dernier mot ! Nous paraissons être bien loin du Wahziristan, des déserts de Libye ou de la zone dite verte de Bagdad !

Et pourtant, de temps immémoriaux , les tsunamis du politique ne connaissent pas de frontières : de la porte de Brandebourg au 38 ème parallèle en Corée, à la place Tienanmen ou à Mogadiscio, le politique se joue des enrobages ou des édulcorants... des épices aussi.

Il reste l’essentiel qui ne vient pas tout seul : le souffle de la liberté, les victoires de l’esprit sur les obscurantismes, le savoir et la volonté contre les apathies. Cela n’est pas futile, cela n’est pas davantage un luxe pour nantis.

Barack Obama et d’autres aussi en Europe, voient juste en disant que s’annonce désormais le siècle de l’Afrique ; l’abolition de l’esclavage c’est aussi et surtout la brisure de toutes les chaînes invisibles ; le politique méprise les fatalismes, les peuples doivent en faire de même.

La comptabilité du futur se détermine dès à présent.

« Le petit mot "je ferai" a perdu des empires. Le futur n’a de sens qu’à la pointe de l’outil » (Alain)... Voici l’arme absolue !