’’Affaire Williamson’’ : un dossier embarrassant pour le Vatican

Le Vatican, contraint de s’expliquer sur la réintégration controversée d’un évêque négationniste, lui a demandé pour la première fois, dans un communiqué publié mercredi 4 février 2009, de renier "publiquement" ses propos sur la Shoah, après de vives critiques de la chancelière allemande Angela Merkel.

Le Vatican a demandé mercredi 4 février à l’évêque révisionniste Richard Williamson de se rétracter avant d’être pleinement réhabilité au sein de l’Eglise catholique. Le Vatican a aussi affirmé dans un communiqué que le Pape Benoît XVI n’était pas informé des propos tenus par l’évêque britannique qui a nié l’existence des chambres à gaz, lorsqu’il a accepté de lever son excommunication en même temps que celle de trois autres prêtres intégristes la semaine dernière.

Le communiqué du Vatican pose également comme "condition indispensable à une future reconnaissance de la Fraternité sacerdotale Saint Pie X la pleine reconnaissance du concile Vatican II et des papes" qui ont suivi ce concile. Les catholiques intégristes avaient rompu avec le Vatican en 1988 après l’ordination de quatre évêques par le fondateur de la Fraternité sacerdotale Saint Pie X, Mgr Marcel Lefebvre, sans l’accord du pape. Les catholiques intégristes sont en désaccord avec les orientations de l’Eglise catholique adoptées par le concile Vatican II (1962-65), notamment la reconnaissance de la liberté religieuse et l’abandon de la doctrine attribuant aux Juifs la responsabilité de la mort du Christ.

Vendredi 30 janvier, l’évêque britannique Richard Williamson, qui réside en Argentine, avait exprimé ses "regrets sincères" pour les "souffrances" causées au pape Benoît XVI par ses "remarques imprudentes", mais il ne les a ni rappelées ni rétractées. Richard Williamson, 67 ans, a nié l’existence des chambres à gaz dans un entretien à la télévision suédoise diffusé deux jours avant la publication le 24 janvier du décret levant l’excommunication, qui porte la date du 21 janvier. "Je crois qu’il n’y a pas eu de chambres à gaz (...) Je pense que 200.000 à 300.000 Juifs ont péri dans les camps de concentration, mais pas un seul dans les chambres à gaz", avait-il dit. Le supérieur général de la Fraternité sacerdotale Saint Pie X, Mgr Bernard Fellay, a demandé "pardon" au Pape et à "tous les hommes de bonne volonté" après ces propos.

Les mouvements juifs ont salué le communiqué du Vatican, affirmant qu’il satisfaisait leur principale demande. "C’était le signe que le monde juif attendait", a déclaré Ronald Lauder, président du Congrès juif mondial. Mardi 3 février, la chancelière allemande Angela Merkel a appelé Benoît XVI à exprimer un rejet "très clair" du négationnisme (lire l’article de Daniel Vernet).

Dans son communiqué, mercredi, le secrétariat d’Etat du Vatican souligne que si l’excommunication de Mgr Williamson a été levée, il n’a toujours pas de fonction canonique dans l’Eglise parce qu’il a été ordonné de manière illégitime en 1988 par Mgr Lefebvre, le défunt archevêque français ultraconservateur. "L’évêque Williamson, pour être admis à des fonctions épiscopales au sein de l’Eglise, devra prendre ses distances, de manière absolument sans équivoque et publique, avec sa position sur la Shoah, dont le Saint-Père n’avait pas connaissance quand l’excommunication a été levée", souligne le communiqué.