Alfred Grosser critique les juges de Karlsruhe

Dans un article publié samedi 11 juillet par le quotidien de Munich Süddeutsche Zeitung, Alfred Grosser, professeur émérite à l’Institut d’études politiques de Paris, se livre à une critique vigoureuse du jugement rendu récemment par le Tribunal constitutionnel de Karlsruhe à propos du traité de Lisbonne.

La plus haute juridiction allemande a considéré que le traité pouvait être ratifié à condition que les pouvoirs du parlement allemand dans les affaires européens soient accrus. Elle regrette les déficits démocratiques de l’Union européenne.

Pour Alfred Grosser, ce jugement méconnaît la nature même de la construction européenne et jette la suspicion sur les véritables intentions allemandes. « Jusqu’à la présidence allemande de 2007, que la chancelière Angela Merkel a mené de manière circonspecte, prudente et dans l’ensemble excellente, on pouvait penser que la République fédérale était le moteur de l’unification européenne. Est-elle devenue un frein parce qu’elle a atteint ses objectifs nationaux ? se demande Alfred Grosser. Comment peut-on faire comprendre en Allemagne ce que signifient le jugement de Karlsruhe et les commentaires qui l’ont accompagné ? Ils signifient que tous ceux qui, en France, ont milité pour la coopération franco-allemande depuis plus de soixante ans, doivent maintenant se garder de leurs adversaires qui disent : les Allemands n’ont jamais pris l’Europe au sérieux. »