Bon et mauvais usage du patriotisme dans la campagne électorale américaine

Le thème du patriotisme est très présent dans l’élection présidentielle de 2008, avec un certain nombre de dérapages que dénonce E.J.Dionne dans le Washington Post (édition du 27 mai 2008).

Le sacrifice consenti par John McCain pour son pays (il a passé plusieurs années dans les prisons vietnamiennes) est un thème central de la campagne des républicains. Quant à Barack Obama, il a d’abord affiché, puis retiré du revers de son veston le "pin" qui représente le drapeau des Etats-Unis. Certains conservateurs en profitent pour le dépeindre comme un personnage étranger et un intellectuel sans contact avec les vraies valeurs américaines. Le débat est bourré de mauvaise foi. "Vous savez quel est son deuxième prénom ?", demande-t-on de façon quasi-subliminale à propos de Barack Obama (la réponse est : Hussein). La question du patriotisme est sans doute une manière déguisée de parler de la race.

"Obama ne doit pas abandonner le terrain du patriotisme à McCain", souligne E.J.Dionne, qui ajoute que "les forces progressistes pensent trop souvent que le patrotisme est fondamentalement mauvais, proche du nationalisme et du chauvinisme".

Or le patriotisme réformateur de Barack Obama mérite d’être noté. On est avec lui dans la tradition du vieux progressisme patriotique de Théodore Roosevelt. En décembre dernier, Barack Obama a donné un de ses meilleurs discours, pourtant peu remarqué, sous forme d’un appel pour le service national (doublement du Peace Corps et extension du programme AmeriCorps). "Je ne doute pas que, en face de défis impossibles, les gens qui aiment leur pays sont capables de le changer", dit-il. "Aimer son pays ne doit pas seulement signifier regarder des feux d’artifice le 4 juillet (pour l’Independence Day, la fête nationale américaine) ; aimer son pays doit vouloir dire accepter sa part de responsabilité afin de la changer". "Une forme de concurrence entre Obama et McCain sur la meilleure façon de faire son devoir au service de son pays serait de beaucoup préférable aux petites phrases creuses sur le point de savoir lequel de ces deux candidats est le plus patriote", souligne E.J.Dionne.