Bouclier antimissile plutôt que dissuasion nucléaire ?

L’intention de Barack Obama d’abandonner au moins partiellement le parapluie nucléaire américain, qui devrait être précisée dans la prochaine doctrine stratégique américaine, marque un véritable changement de cap pour la défense américaine. Celle-ci s’appuiera davantage sur les armes conventionnelles, dont celles de forte puissance (« Prompt Global Strike ») qui peuvent frapper n’importe où dans le monde dans un délai d’une heure. 

Si ce revirement stratégique fait débat jusque dans l’administration américaine, elle semble satisfaire les alliés européens. Car, à terme, ce sont quelque 200 ogives nucléaires restant en Allemagne, en Belgique, au Luxembourg, en Norvège et aux Pays-Bas, qui seront retirées, comme ces cinq pays membres de l’OTAN l’avaient d’ailleurs réclamé en février.

Le gouvernement américain souhaiterait remplacer les armes nucléaires par un bouclier antimissile. « Ces projets offrent une alternative moderne à la présence nucléaire américaine en Europe », écrit Oliver Thränert, expert en politique d’armement auprès de la Stiftung Wissenschaft und Politik à Berlin, dans le quotidien Süddeutsche Zeitung ( 4 mars 2010). Cet expert souligne que « Washington est ainsi de nouveau lié à l’Europe par un grand projet militaire […] Comme il s’agit d’un projet de l’Alliance, les partenaires de l’Amérique ont également un droit de regard. Mais surtout d’un point de vue militaire, il vaut la peine d’investir dans des projets de défense plutôt que dans des armes offensives nucléaires. Car si l’on devait arriver à un conflit avec un Iran doté de l’arme nucléaire – ce qui pourrait être l’un des défis probables de l’OTAN au cours des prochaines années – l’Alliance et l’Europe feraient bien de disposer de possibilités pour limiter les dégâts. S’en remettre exclusivement à la dissuasion nucléaire dans un tel cas n’est de toute façon pas opportun » conclut Oliver Thränert.