Bouffées de chaleurs estivales

Francis Rosenstiel, ambassadeur de bonne volonté du Conseil de l’Europe et président-fondateur du Forum pour l’Europe démocratique, commente l’air du temps pour Boulevard Extérieur.

Entre l’escalade des fièvres grippales, mobilisatrices de toutes les frayeurs et des précautions vite dépassées, qui les accompagnent, ou bien l’alerte de santé du Président Sarkozy, l’actualité s’en donne à cœur joie ces jours-ci.

Barak Obama connaît déjà les tourments qui suivent souvent les enthousiasmes et les couleurs vives du générique ! L’Amérique, pas plus que d’autres, ne délivre aux pouvoirs de chèque en blanc, une couleur qui ne sied vraiment, d’aucun point de vue ! L’effet "post-madoffien" est aussi passé par là ! Né à Hawaï ou au Kenya qu’importe ! Il y eût bien, en d’autres temps, des Secrétaires d’Etat américains nés en Allemagne !

Les routines médiatiques se perpétuent inlassablement, se comportant trop souvent comme un clergé laïc, redresseur permanent de torts qui les alimentent pourtant. Le "bon dieu" doit sans doute célébrer messe- basse pour le diable, un peu comme certaines grandes compagnies établissent des contrats de réassurance. Cependant "si le néant nous est réservé", il me semble que c’est parfois justice !

Les harcellements médiatiques, voire pseudo-littéraires aussi, se vautrent dans la complaisance recréant des mondes imaginaires à partir d’actualités réelles ou avortées. Les "accrocs" de l’hyperactivité présidentielle, suscitent des voyeurismes souvent malsains qui produisent des "kits" perfides à destination du public gavé et affamé tout à la fois !

Et cependant, qui se plaindra que l’on évoque toujours et partout la liberté de la presse, distincte, sous bénéfice d’inventaires, "des " libertés de la presse ? Le public cèderait-il à ce que Pierre Legendre appelle "l’amour du Censeur" ? Il n’y a pas de "Tamiflu "pour prévenir cela.

Les bigarrures de l’actualité n’en finissent ni de scintiller, ni de sanguinoler. D’Irak en Afghanistan, en Iran,au Pakistan, en Indonésie,en Corée du Nord, au Nigéria ou plus près de nous en Algérie, les chaudrons bouillonnent et les cannibalismes politiques perdurent et prolifèrent. Faut-il jouer au "gentil maître" dans une classe de cancres ? Y a-t-il un sens à clamer "laissez-les, se débrouiller tout seuls !" ? En vérité, ils ne seront jamais "seuls" !

Alors, crise économique et financière ou non, quel crédit faut-il accorder à des expressions telles que "nouvel ordre mondial", "planétarisation" des enjeux ou "sagesse des nations" ?

Les voeux et constats n’apportent pas automatiquement les solutions ou même les régulations.

Jamais le maillage institutionnel mondial n’a été aussi prolifique, jamais, en dehors de la sphère européenne, les anarchies des volontés hégémoniques contradictoires n’ont été aussi pléthoriques ! Faudrait-il pour autant regretter les géométries d’antan où les antagonismes ambiants paraissaient plus faciles à cerner ? Certes pas !

La réalité politique est désespérément têtue : il lui faut sans cesse réactualiser puis métaboliser, de manière de plus en plus fine, la notion ancestrale "d’ennemi", fût-elle parée d’enrobages sournoisement flatteurs.

Il s’ajoute à tout cela une recrudescence des sublimations islamistes extrêmes qui tentent de promouvoir, comme jamais, un irrationnel conquérant, que personne ne saurait accepter ; une réalité qui ne peut que nuire au monde musulman traditionnel.

Un certain rectangle Etats-Unis, Russie, Union européenne, Chine parviendra-il à générer, à temps, des impulsions novatrices dans le monde africain et musulman ? Seul, Barack Obama ne peut rien ! Il faut une véritable "coalition pour le progrès économique et démocratique", une certaine "paix" mondiale est à ce prix ; mais l’Union européenne et d’autres en Europe ne doivent pas succomber à des complexes d’immunité ; les racismes et les fascismes rampants perdurent. Il faudrait, par notre exemplarité collective, leur barrer définitivement la route.

On ne balaye pas devant la porte des autres si l’on ne balaye pas énergiquement devant la sienne !