Carnets de Pékin (13) : une grève ordinaire de chauffeurs de bus

Le quinzième volet des « carnets de Pékin » se déplace dans le Yunnan, cette province du sud-ouest de la Chine. Dans le comté de Liuku, arrondissement de Nujiand Lisu, les conducteurs de bis sont en grève pour protester contre la réforme imposée par la compagnie qui les emploie.

Ils sont 124 sur 150 à avoir cessé le travail depuis le jeudi 1er avril. Ils protestent contre les nouveaux contrats que veut leur imposer la compagnie locale de transport. Ils ont acheté leur bus, il y a quelques années, pour plus de 100 000 yuans (environ 10 000 €), et ils louaient leurs services et leurs véhicules à la compagnie de transport en commun qui dépend de la préfecture. Les autorités locales veulent introduire une réforme qui amènerait les chauffeurs à vendre leur bus et à devenir des employés de la société de transport. D’où la grève.

La protestation a deux cibles : le prix de rachat des bus qui fait perdre aux propriétaires un tiers de leur mise de fonds ; le montant des contrats proposés aux chauffeurs et l’absence de garanties. Les autorités ont fait un geste en direction des grévistes mais cela n’a pas suffit à calmer les esprits. Une bannière rouge flotte au dessus du dépôt des autobus de Xiaoshaba : « Rendez nous notre argent durement gagné ! Annulez un contrat féodal déraisonnable et unilatéral ! »

Ce n’est pas la première fois en Chine que des salariés des transports publics, bus ou taxis, se mettent en grève, souvent contre des décisions prises par des opérateurs agissant au nom de la puissance publique, qui à la fois distribuent les licences et organisent le réseau. Le China Daily, qui rapporte le mouvement, écrit que ses demandes d’informations sont restées sans réponse de la part des responsables locaux. Ceux-ci, en revanche, ont pris des mesures pour que la population ne souffre pas trop de la grève : ils ont mobilisé d’autres compagnies de transport pour assurer les liaisons abandonnées par les chauffeurs protestataires. C’est sans doute ce qu’en Chine, on appelle « le service minimum ».