Kim Jong-il a au moins un point commun avec Staline : il déteste voyager en avion. Il n’utilise que le train pour ses rares déplacements à l’étranger. Il est allé deux fois à Moscou et quatre fois à Pékin. Sa dernière visite ici remonte à 2006 mais des informations venant de Séoul laissent entendre qu’il pourrait revenir en Chine dans les prochains jours. Ses déplacements restent secrets. Le passage d’un train à la frontière sino-coréenne, dimanche, a attiré l’attention alors que des dispositions auraient déjà été prises à la ville frontière de Dantong pour l’accueillir. En fait, il ne s’agissait que d’un train de fret un peu exceptionnel et non du train spécial du « grand leader ».
Samedi, Kim Jong-il a reçu, pour la deuxième fois en une semaine, le nouvel ambassadeur de Chine à Pyongyang, Liu Hongcai, ce qui amène certains observateurs à conclure que le dirigeant nord-coréen qu’on dit affaibli après une attaque cérébrale subie en 2008, ne ferait pas le déplacement de Pékin. Il se contenterait de passer par la voie diplomatique pour tenter une sorte de marché avec la Chine. Ce pays est son seul véritable soutien, bien que Pékin ait voté les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies frappant à la Corée du nord de sanctions à cause de son programme nucléaire.
La Corée du nord serait disposée à reprendre sa place à la table de négociations dite des Six, contre une aide économique chinoise substantielle. A la suite d’une réforme économique, de la réévaluation du wong, la monnaie nationale, la situation s’est aggravée dans le pays et ses habitants connaissent de nouveaux des pénuries alimentaires, certes moins graves que les famines qui les ont frappés voilà quelques années.
Un succès diplomatique pour Hu Jintao ?
La Corée du nord a quitté les négociations à six (outre les deux Corées, la Chine, les Etats-Unis, la Russie et le Japon) en avril 2009. Elle a recommencé la production de plutonium destiné à une arme nucléaire et elle a procédé, en mai de l’année dernière, à un test souterrain. Officiellement, elle exige des conversations bilatérales avec les Etats-Unis en vue d’un traité de paix formel, avant de rependre toute discussion sur son programme nucléaire, ainsi que la levée des sanctions décidées par l’ONU. Les Nord-Coréens ont récemment arrêté un citoyen américain accusé d’être entré illégalement chez eux pour augmenter la pression sur Washington en vue de ces conversations bilatérales.
En contre partie de l’aide économique chinoise, Pyongyang pourrait se dire prêt à reprendre les négociations à six, de manière informelle dans un premier temps, suggèreraient les Chinois, puis officiellement si les Américains font un pas en direction de pourparlers bilatéraux, éventuellement dans le cadre des Six.
Si ce schéma se vérifie, le président chinois Hu Jintao n’arriverait pas les mains vides à Washington pour le sommet sur la sécurité nucléaire organisé les 12 et 13 avril par Barack Obama, mais auréolé d’un succès diplomatique. Le voyage de Hu aux Etats-Unis est interprété comme la preuve que les dirigeants chinois tiennent à maintenir le contact avec les Américains, malgré des divergences ponctuelles, surtout s’ils peuvent montrer que leur concours est indispensable à la solution des problèmes internationaux.