Il ne suffit pas de faire partie des 200 à 300 millions de Chinois qui ont un revenu double de la moyenne nationale pour être heureux. C’est ce que révèle une étude menée par une compagnie d’assurances, Manulife-Sinochem, auprès de 70 000 personnes, âgées de 20 à 40 ans, dans trente-cinq villes réparties dans tout le pays. Le revenu annuel de toutes les personnes interrogées dépassait 50 000 yuan (5300 €). En 2009, le PIB par habitant était de 2650 €.
Malgré un meilleur suivi médical, une éducation de haute qualité et des revenus plus élevés, la classe moyenne chinoise souffre de la pression économique, de la compétition et du manque de temps à consacrer à la famille. Un professeur de l’Institut des sciences et technologies de la Chine du Nord, Yan Ye, considère que la classe moyenne est prise « en sandwich » et que le gouvernement devrait plus s’intéresser à elle, en lui fournissant une meilleure couverture sociale, des logements à plus bas prix et une distribution des revenus plus équitables par rapport aux catégories les plus riches.
Sans surprise, l’enquête montre que les ménages avec un revenu compris entre 110 000 et 200 000 yuan sont les plus heureux. Entre 30 et 35 ans, les gens sont plus heureux aussi que les personnes plus âgées. Et ceux qui vivent dans des grandes villes de deuxième importance, comme Jiangsu, Sichuan, Fujian et Chongqing, qui comptent tout de même plusieurs millions d’habitants, se sentent plus à l’aise que les résidents de Pékin, Shanghai ou Shenzhen. La moitié est satisfaite de sa condition actuelle.
Une des raisons de cette différence, invoquée par certaines personnes interrogées, est que 50 000 yuan par an est une somme conséquente dans les villes « moyennes » alors que c’est insuffisant pour répondre aux aspirations de la classe moyenne dans les grandes agglomérations. De plus, souligne le professeur Yan, les habitants des grandes villes ont généralement des attentes plus élevées que les provinciaux ; ils sont donc plus facilement frustrés, mal assurés et sensibles à ce qu’ils considèrent comme une injustice sociale. D’autant plus que l’agrément de la vie est menacé par la hausse constante de l’immobilier, par le coût croissant des études de leurs enfants qui ne peuvent être laissées aux seuls bons soins des institutions publiques, et par la pollution.
Un autre universitaire de Shenzhen, cité par le Guangzhou Daily, Liu Jun, observe que « au fur à mesure qu’on devient plus aisé, on commence à souhaiter une meilleure qualité de vie. Le passage d’une vie fixée sur la carrière à la recherche de la qualité est susceptible de créer des déceptions ».