Il est rare qu’un pays se fasse une gloire d’avoir une balance commerciale déficitaire. C’est pourtant ce vient de faire la Chine en annonçant, presque triomphalement, que pour la première fois au cours des soixante-dix derniers mois, sa balance commerciale avait été déficitaire au mois de mars de 7,2 milliards de dollars. Sans doute, des raisons conjoncturelles expliquent-elles cette situation. Par exemple, la période du Nouvel an chinois qui ralentit l’activité des exportateurs. Sur le premier trimestre de cette année, les importations et les exportations chinoises ont augmenté de 44,1%, dégageant un surplus de 14,5 milliards de dollars.
Un seul mois ne fait pas le printemps. Toutefois les chiffres montrent une forte augmentation, en mars, des importations de matières premières et de produits énergétiques, ce qui dénote une forte activité économique, mais aussi une hausse des importations d’automobiles, due à une relance de la consommation intérieure. C’est exactement ce que ses partenaires économiques et commerciaux demandent à la Chine, et c’est pourquoi l’annonce des résultats du commerce extérieur de mars a été présentée comme une sorte de bulletin de victoire.
Ces chiffres témoignent des efforts de la Chine, expliquent les experts à Pékin, pour sortir d’une économie tirée par les exportations de biens manufacturés, dont les prix sont parfois maintenus artificiellement bas par une sous-évaluation du yuan. Le passage à une économie fondée sur la consommation intérieure est plus rapide que prévue, ajoutent-ils. Et ils en concluent que les pressions américaines et autres sur le gouvernement chinois pour qu’il réévalue sa monnaie sont sans fondement. Ils ne se font pas pour autant d’illusions : la tendance générale laisse prévoir un excédent commercial sur l’ensemble de l’année. Ce qui n’empêche pas de célébrer, même brièvement, un « heureux » événement.