La photo a fait la une de la presse chinoise, à côté des images du tremblement de terre dans la province du Qinghai : Dmitri Medvedev, Lula da Silva, Hu Jintao et Manmohan Singh se donnent la main pour souligner leur accord. Les présidents russe, brésilien et chinois ainsi que le Premier ministre indien ont souligné leur unité de vues. Ils demandent à être mieux entendus dans les instances internationales, notamment celles qui s’occupent de la « gouvernance » économique, comme le Fonds monétaire internationale, la Banque mondiale et le G20. Ils estiment, sans doute à juste titre, que leurs poids dans ces institutions ne correspond pas à leur importance économique. Ils représentent 15% de la richesse produite dans le monde et 40% de la population mondiale mais ils n’ont que 9,6% des votes au FMI, alors que les Etats-Unis, à eux seuls, en ont 16,7%.
Autre chiffre : le G8, le groupe des huit pays les plus industrialisés du monde ont 47,8% des voix au FMI. Mais c’est là que les comparaisons sont un peu faussées, car la Russie est en quelque sorte comptabilisée deux fois : une fois comme BRIC et une fois comme membre du G8. Ce n’est pas seulement une question d’addition des voix. Cette singularité pose la question de la cohérence des divers groupements qui se sont mis en place ces dernières années sur la scène internationale.
La Russie a-t-elle sa place au G8, alors que la Chine qui est devenue la première puissance exportatrice mondiale n’en fait pas partie ? La présence de la Russie dans le G8 est un héritage des premières années du postcommunisme quand les dirigeants occidentaux ont voulu faire plaisir à Boris Eltsine. Mais aussi incongrue que soit l’appartenance de la Russie au G8, il est politiquement impensable de l’en exclure.
Si la Russie a peu à voir avec les économies développées représentées dans le G8, sa présence dans le groupe des BRIC ne va pas non plus de soi. En tous cas, la structure de son économie n’a que peu de rapports avec celle de l’Inde ou du Brésil, voire de la Chine. Son mode de développement fondé sur l’exportation de produits énergétiques et de matières premières l’a rendue particulièrement vulnérable à la crise mondiale. En 2009, son PIB a reculé de 7%, alors que celui de la Chine augmentait de plus de 8%.
Les quatre BRIC partagent-ils les mêmes intérêts ? Ce n’est pas certain. Aussi peuvent-ils plus facilement se mettre d’accord sur des pétitions de principes que sur des actions concrètes. Malgré les déclarations optimistes faites par les quatre à Brasilia, aucun projet précis n’a été annoncé.
L’essentiel n’était peut-être pas là. Venant de Washington où ils avaient participé au succès diplomatique de Barack Obama, les dirigeants brésilien, chinois, indien et russe ont voulu manifester leur distance critique par rapport à la puissance américaine et leur autonomie vis-à-vis du monde occidental. Pour les Chinois, qui se considèrent à la fois comme une puissance économique mondiale et comme un pays en voie de développement, la démonstration était encore plus importante.