Carnets de Pékin (4) : lutter contre la bulle immobilière

La vente de terrain à bâtir vient d’être interdite en Chine pour plusieurs semaines jusqu’à la publication du plan d’occupation des sols au début du mois d’avril. Les autorités cherchent à endiguer la hausse des prix qui touche ce secteur. Quatrième partie des « carnets de Pékin » de Daniel Vernet. 

Les autorités chinoises sont inquiètes face au gonflement de la bulle immobilière. Les prix des appartements et des terrains augmentant au rythme de 25% l’an, elles n’ont trouvé d’autre moyen d’intervention qu’un moratoire sur les ventes publiques de terrains à bâtir jusqu’à la publication, au mois d’avril, du plan d’occupation des sols. C’est ce qu’a annoncé, mardi 23 mars, le ministère de la terre et des ressources. Selon le gouvernement, il s’agit surtout de réserver une plus grande partie des terrains à bâtir aux logements sociaux destinés aux familles avec un revenu modeste. Le pourcentage devrait atteindre 70% cette année. Le premier ministre Wen Jiabao s’est engagé à construire 3 millions d’appartements pour les familles à bas revenus et à moderniser 2,8 millions de logements anciens pour une somme de 63,2 milliards de yuan (environ 7 milliards d’euros), soit une augmentation de 15% par rapport à 2009.

Pour dégager les terrains nécessaires, les autorités locales sont encouragées à prendre des mesures coercitives. Plusieurs dizaines de sociétés d’Etat ont été priées de quitter le marché immobilier sous quinze jours. Une campagne a été lancée pour lutter contre l’occupation illégale des terrains à bâtir.

Ces décisions sont loin de faire l’unanimité. Certains considèrent qu’elles ne vont pas assez loin et que les pouvoirs publics devraient intervenir de manière plus autoritaire pour obtenir le développement des logements modestes. D’autres sont sceptiques sur la volonté des autorités locales à mettre en œuvre les règlements édictés par le pouvoir central, en particulier le moratoire sur la vente des terrains, car elles tirent une grande partie de leurs revenus de ces transactions, en augmentation de 27 % d’une année sur l’autre.

Enfin, il est peu probable qu’un gel des achats et des ventes ait un effet durable sur l’accroissement de la bulle immobilière. Le risque est en effet que l’inflation reprenne de plus belle dès que la mesure aura été levée. Or la demande en logements nouveaux n’est près de diminuer, particulièrement dans les grandes villes. A Pékin, le prix du mètre carré dépasse en moyenne les 1000 euros, soit près d’un tiers du revenu annuel par habitant.