Entrés en guerre confiants, après une décennie et demie de politique étrangère fructueuse et créative, notre engagement a pris fin en laissant une Amérique divisée comme elle ne l’avait jamais été depuis la fin de la guerre civile. […] Kennedy était opposé à l’envoi de troupes en Asie du Sud-Est. Plus en raison d’une répulsion viscérale que d’un jugement stratégique. Il était partagé entre l’idée que la survie du Sud-Vietnam était essentielle pour la sécurité nationale mais il ne voulait pas atteindre cet objectif par l’envoi de forces américaines. […] Lorsque l’Amérique part en guerre, elle doit être en mesure de définir précisément la victoire qu’elle cherche, et d’expliquer les moyens d’y parvenir. Ou alors de dire comment elle compte terminer son engagement militaire, par quelle voie diplomatique. Au Vietnam, l’Amérique a envoyé des forces combattre au nom d’une notion générale de crédibilité et a poursuivi une négociation sans jamais en avoir défini l’objectif. […]
Sans prétendre résumer les difficultés d’une génération, on peut proposer quelques observations :
- Lorsqu’il est demandé au président de s’engager dans une guerre, il doit avant toute chose lui être présenté une analyse de la situation stratégique globale sur laquelle cette recommandation se fonde ;
- L’objectif de la guerre est la victoire. La paralysie ou la neutralisation ne peut intervenir qu’en dernier ressort, ce n’est pas un objectif stratégique souhaitable ;
- La victoire doit être un résultat atteignable après une période de temps soutenable pour l’opinion publique américaine ;
- Un cadre diplomatique défendable doit être présenté au président ;
- La diplomatie et la stratégie militaire doivent être traitées comme un tout cohérent, pas comme des phases successives d’une même politique.