Chine : un ’’nationalisme sportif’’ à nuancer

La passion du jeune public chinois pour les Jeux Olympiques n’est pas accompagnée par une immense ferveur pour les athlètes chinois. Les modèles de la jeune génération chinoise sont les stars américaines de la NBA ou les joueurs européens de football. Telle est l’observation de Les Carpenter, correspondant en Chine du Washington Post (article paru le 6 août 2008 sous le titre : "Western Influence ; Young Chinese Fans Favor Foreign Icons Over Homeland Heroes", traduction LD). 

Il y a une obsession pour les sports occidentaux en Chine, c’est un phénomène relativement nouveau. Depuis 15 ans, et surtout depuis l’arrivée d’internet, les événements sportifs venus d’Occident ont envahi les écrans chinois. 

Ce phénomène s’accompagne d’une montée de l’individualisme individuel, déjà favorisé par la politique de l’enfant unique. La génération des plus de 40 ans voit dans le sport un jeu collectif au service de la nation et se lamente de voir les plus jeunes se passionner pour la réussite individuelle des stars du sport, avec la valse des contrats financiers qui l’accompagne. 

L’historien sino-américain Xu Guoqi, auteur d’un livre récent sur l’olympisme chinois (Olympic Dreams : China and Sports, 1895-2008), raconte qu’il y a quelques années « le basketteur Michael Jordan était un dieu en Chine, au point qu’il était plus admiré que Mao ».

Beaucoup de jeunes chinois vivent comme un drame de ne pas parvenir à disposer de bons joueurs de football. Il est peu probable que l’équipe nationale de football parvienne à se qualifier pour la prochaine Coupe du Monde de 2010 (après un match de pré-qualification perdu récemment contre… l’Irak). On estime que le public chinois pour le football peut aller jusqu’à 300 millions de personnes, un énorme marché en termes de droits télévisuels pour les puissantes ligues européennes de football dans les années à venir.