Confiance américaine

L’élection de Barack Obama donne aux Américains, quelle que soit leur appartenance politique, le sentiment d’une fierté retrouvée, indispensable à la réaffirmation de leur leadership.

L’image des Etats-Unis dans le monde a beau être au plus bas, la popularité du président la plus faible depuis que les sondages existent, le pays engagé dans deux guerres et frappé par une crise économico-financière sans précédent depuis les années 1930, les Américains gardent une confiance inébranlable dans les valeurs et le système politique de leur République. L’élection de Barack Obama les a confortés dans cette conviction.

Il n’est pas étonnant que le vainqueur démocrate, le premier Noir à entrer à la Maison blanche, sacrifie à ce rituel. « A tous ceux qui se demandent si le phare de l’Amérique brille toujours autant, nous avons prouvé une fois de plus que la véritable force de notre peuple [vient] de la puissance constante de nos idéaux : la démocratie, la liberté, l’opportunité et l’espoir qui ne cède pas. Car tel est le vrai génie de l’Amérique : l’Amérique peut changer, notre Union peut être perfectionnée », a déclaré Barack Obama à Chicago, en référence aux premières lignes de la Constitution.

Il est plus remarquable encore que John McCain ait vu dans sa propre défaite une victoire des idéaux américains : « C’est une élection historique, a déclaré à Phoenix (Arizona) le candidat républicain malheureux. J’ai toujours cru que l’Amérique pouvait offrir sa chance à celui qui sait la saisir […] l’Amérique est à des années-lumière de l’intolérance cruelle et abominable de cette époque (le début du XIXe siècle]. Il n’y a pas de meilleure preuve à cela que l’élection d’un Afro-américain à la présidence des Etats-Unis. Il n’y a plus aucune raison maintenant pour les Américains de ne pas chérir leur citoyenneté, celle de la plus grande nation du monde. »

Et même George W. Bush, que ses amis républicains avaient prié de rester discret pendant la campagne pour ne pas nuire à John McCain, y va de son hommage aux valeurs de l’Amérique : l’élection de Barack Obama, a-t-il dit, constitue une « avancée historique » et elle est particulièrement « importante pour une génération d’Américains qui ont vu de leurs propres yeux la lutte pour les droits civiques. Une rêve a été réalisé. Quel que soit celui pour lequel on ait voté, tous les Américains peuvent être fiers de l’histoire qui a été écrite hier [le 4 novembre] ».

C’est cette confiance, qui confine parfois à l’impudence, qui permet à Barack Obama d’affirmer que se lève « une nouvelle aube du leadership américain », pas l’Amérique « modeste » dont George W. Bush avait imprudemment parlé au début de son premier mandat.