Copenhague : l’argumentaire chinois

Sous le titre « les 60 heures de Wen à Copenhague », le quotidien chinois en anglais China daily a consacré une page entière dans son édition des 26 et 27 décembre aux démarches entreprises par le chef du gouvernement de Pékin pour « sauver » la conférence sur le climat. C’est de toute évidence une réponse aux articles parus dans la presse occidentale et aux critiques ouvertes émises par certains dirigeants, comme Nicolas Sarkozy, contre l’attitude de la Chine, accusée – aux côtés des Etats-Unis, d’avoir empêché un accord plus ambitieux.

De ce récit ressortent deux affirmations essentielles. D’une part, le texte adopté à la fin de la conférence n’est pas aussi anodin que certains gouvernements européens voudraient le laisser croire. Il est important qu’un accord ait été trouvé dans une enceinte onusienne. L’article critique trois pays industrialisés, la Grande-Bretagne, l’Allemagne et le Japon, qui, « bien qu’ambitieux dans leur volonté de montrer la voie de la coopération internationale sur le changement climatique, ont manqué de compréhension pour les pays en voie de développement et ont de ce fait avancé certaines demandes irréalistes et injustes ».

D’autre part, la Chine est décidée à tenir parole et à mettre en œuvre les mesures qu’elle a annoncées pour diminuer ses émissions de gaz à effet de serre.

Selon le China Daily, Wen Jiabao a très mal pris qu’une réunion restreinte ait été organisée, le 17 décembre, après le banquet officiel donné par la reine Margrethe, entre les Etats-Unis et quelques Etats importants. Certes la Chine était sur la liste des invités mais le premier ministre chinois n’en aurait pas été averti. Pour manifester son mécontentement, il a dépêché le vice-ministre des affaires étrangères He Yafei à cette réunion de chefs d’Etat et de gouvernement.

Le quotidien chinois laisse entendre d’autre part que l’organisation de la conférence par les Danois n’a pas été une grande réussite : mauvaise préparation des textes, non respect des horaires, etc. Il insiste sur l’activité déployée par Wen Jiabao pour consulter les quatre pays dits "BASIC" (Brésil, Afrique du sud, Inde, Chine) et trouver une position commune avec eux, et sur la volonté de la Chine d’informer ses partenaires de ses entretiens bilatéraux avec Barack Obama, au nom de la « transparence ». Le China Daily raconte comment le président américain est apparu de manière inattendue à une réunion des BASIC : « Obama s’est arrêté, un pied dedans, un pied en dehors de la salle, raconte le journal, et a demandé en souriant s’il devait attendre le premier ministre chinois à l’extérieur [un entretien bilatéral était prévu] ou s’il pouvait se joindre à la discussion. Wen Jiabao s’est levé et à poliment invité Obama à se joindre à eux. Obama accepta et fit le tour de la pièce pour serrer la main de tous les participants, avant de prendre un siège à gauche du président brésilien Lula et en face de M. Wen […] Des applaudissements jaillirent de la salle de réunion au moment où les BASIC trouvèrent un accord avec les Etats-Unis sur la formulation de quelques points-clés. Les Etats-Unis déclarèrent qu’ils voulaient se consulter avec l’Union européenne ». « Copenhague a été le témoin du rôle joué par la Chine dans ce processus compliqué et tendu », conclut le China Daily.