D’Hubert Lyautey à Stanley McChrystal

Rien ne complique plus la tâche du général Stanley McChrystal, commandant américain des 100.000 soldats étrangers en Afghanistan, que les "bavures" comme celle qui a eu lieu vendredi 4 septembre dans le nord de l’Afghanistan (90 morts dont beaucoup de civils). Cet événement intervient alors que se met difficilement en place sur le terrain afghan une nouvelle stratégie de conquête des coeurs et des esprits sur le terrain, inspirée du modèle de « pacification » du Maroc par le maréchal français Hubert Lyautey, de 1912 à 1925.

Lyautey :" Tous les officiers savent s’emparer d’un village à l’aube ; moi, je veux des officiers qui sachent s’emparer d’un village à l’aube et y ouvrir le marché à midi". Dans cet esprit, l’armée américaine s’entoure désormais d’anthropologues, sociologues et spécialistes de médiation interculturelle réunis dans une organisation baptisée "the Human Terrain System". Une dizaine d’équipes de ce genre sont présentes en Afghanistan, et une vingtaine en Irak, d’après un récent article du Washington Post. Mais rien ne permet pour l’instant de dire si ces efforts rencontrent le moindre succès significatif.

"Contrairement à Lyautey qui se promenait librement en terre marocaine, les forces de l’Otan, lourdement armées, provoquent des réactions d’hostilité. Elles sont obligées de se protéger face à une insurrection qui a pris de l’ampleur ces deux dernières années. Les morts sont des deux côtés, militaires et talibans, mais les civils demeurent les plus nombreux : ils sont touchés à la fois par des frappes, des attentats piégés ou par l’explosion de kamikazes", explique Pascal Boniface, directeur de l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS) dans une interview à La Croix (7 septembre 2009).