Lors d’une conférence donnée à la chaire européenne du CNAM, Jacques Delors a rappelé que dans son rapport de 1989 qui devait ouvrir la voie à la monnaie unique, « l’économique l’emportait sur le monétaire ». Mais ce n’est pas ce qui a été décidé alors par les chefs d’Etat et de gouvernement. La crise a montré qu’il n’y avait pas de coordination des politiques économiques pour lutter contre la récession et promouvoir la croissance. On a confondu stabilité monétaire et stabilité financière. Et enfin, le refus de tout rapprochement des coûts sociaux et de la fiscalité a abouti à embarquer dans l’union monétaire, ceux que Jacques Delors appelle des « passagers clandestins ».
Il faut donc que soient mis en place de vrais mécanismes qui obligent les pays à mener des politiques cohérentes. Le but ne sera pas atteint par des proclamations en faveur d’un « gouvernement économique européen », tel en tous cas que l’entend Angela Merkel. « Parler d’un gouvernement économique à vingt-sept, c’est se moquer du monde », a affirmé Jacques Delors.