Delors : un gouvernement économique à 27, c’est se moquer du monde

Jacques Delors considère que la crise grecque doit être l’occasion de mettre fin au déséquilibre régnant dans la zone euro entre le monétaire et l’économique. L’ancien président de la Commission de Bruxelles se méfie pourtant de l’expression « gouvernement économique européen » et surtout de l’usage qui pourrait en être fait.

Lors d’une conférence donnée à la chaire européenne du CNAM, Jacques Delors a rappelé que dans son rapport de 1989 qui devait ouvrir la voie à la monnaie unique, « l’économique l’emportait sur le monétaire ». Mais ce n’est pas ce qui a été décidé alors par les chefs d’Etat et de gouvernement. La crise a montré qu’il n’y avait pas de coordination des politiques économiques pour lutter contre la récession et promouvoir la croissance. On a confondu stabilité monétaire et stabilité financière. Et enfin, le refus de tout rapprochement des coûts sociaux et de la fiscalité a abouti à embarquer dans l’union monétaire, ceux que Jacques Delors appelle des « passagers clandestins ».

Il faut donc que soient mis en place de vrais mécanismes qui obligent les pays à mener des politiques cohérentes. Le but ne sera pas atteint par des proclamations en faveur d’un « gouvernement économique européen », tel en tous cas que l’entend Angela Merkel. « Parler d’un gouvernement économique à vingt-sept, c’est se moquer du monde », a affirmé Jacques Delors.