La « super-année » électorale commence mal pour le parti d’Angela Merkel. Les élections de Hambourg s’annonçaient mal pour la démocratie-chrétienne. Celle-ci avait arraché, il y a dix ans, le pouvoir à la social-démocratie qui régnait depuis la fin de la deuxième guerre mondiale. Après avoir gouverné avec les libéraux, les chrétiens-démocrates s’étaient tournés en 2008 vers les écologistes, formant la première coalition noire-verte dans un Land de la République fédérale. La coalition a éclaté après la démission du maire, Ole von Beust, une figure charismatique de la ville. Son successeur, Christoph Ahlhaus, est allé de déconvenues en déconvenues après un référendum perdu sur la question scolaire. La coalition a éclaté à l’automne dernier, rendant inévitables des élections anticipées.
Si la défaite de la CDU était prévisible, l’ampleur de la déroute a surpris les observateurs. Le score des conservateurs a été divisé par deux par rapport au scrutin de 2008. Le SPD espérait tirer son épingle du jeu mais s’attendait plutôt à devoir s’allier avec les Verts. La majorité absolue (61 députés sur 121) est aussi une surprise. Les écologistes qui améliorent légèrement leur résultat précédent (+ 1,6 points pour 11,2 % des voix) restent loin des scores enregistrés dans les sondages au niveau national. Le Parti libéral de Guido Westerwelle, le ministre des affaires étrangères, partenaire d’Angela Merkel dans le gouvernement fédéral, fait son retour au parlement régional de Hambourg avec 6,6 % des suffrages. C’est moins qu’aux élections générales de 2009 mais c’est mieux que la popularité en chute libre de ses dirigeants dans l’ensemble du pays.
Quant à la gauche radicale, Die Linke, elle stagne à 6,4%.
Les test du Bade-Wurtemberg
Il serait hasardeux de tirer des leçons générales d’un scrutin local, marqué par les particularités d’une ville-Etat. Pour le gouvernement d’Angela Merkel, la véritable épreuve est programmée en mars, aux élections de Bade-Wurtemberg. Pour la première fois depuis un demi-siècle, l’hégémonie de la droite dans la région est menacée. Les Verts sont crédités de 25% des intentions de vote dans les sondages et ne sont pas loin de pouvoir former une coalition avec le SPD. Les manifestations contre le projet de rénovation de la gare de Stuttgart les ont propulsés à la deuxième place derrière la démocratie-chrétienne, même si leur étoile a un peu pâli au fil des mois.
Après avoir perdu l’année dernière la Rhénanie-Westphalie, le Land le plus peuplé de la RFA, la chancelière et son parti ne peuvent pas se permettre une défaite dans le Bade-Wurtemberg, sous peine de voir leur alliance avec les libéraux remise en cause à Berlin. Rien n’est encore joué mais le petit tremblement de terre de Hambourg est pour eux un mauvais présage.