Elie Cohen : « nous assistons à une deuxième vague de désindustrialisation en France depuis 2002. Nous avons perdu depuis cette date 500.000 emplois industriels. Nous n’avions pas connu de phénomène aussi marqué depuis la grande période de désindustrialisation française, la période 1978-1985. A cette époque, nous avions perdu près d’un tiers de nos emplois industriels ».
En Europe, selon Elie Cohen, "d’autres pays font bien mieux, non seulement en s’industrialisant comme l’Irlande ou l’Espagne, mais en connaissant une désindustrialisation moins marquée qu’en France comme en Allemagne ou en Italie".
Pourtant, ajoute l’économiste, l’industrie n’a pas dit son dernier mot, bien au contraire : « aujourd’hui, on constate que plus de 70 % des exportations sont des exportations de biens industriels, 90 % de l’effort de R&D portent sur des activités de type industriel. (…) Si l’on agrège activité industrielle et service aux entreprises, on ne constate guère de déclin ».
Quelle conclusion en tirer ?
« L’industrie (…) ne se mesure pas simplement dans les statistiques d’activités manufacturières. Les services aux entreprises font partie de ce développement (…). L’industrie se dématérialise chaque jour davantage. Il y a 95 % d’activité immatérielle dans un composant électronique, qui est pourtant un produit industriel. La vraie recette du succès, c’est la combinaison de recherche intensive, de développement, d’innovation, de création, de marques, autant d’éléments immatériels qui font la vraie valeur de l’activité industrielle matérielle. Il n’y a pas de développement autonome de services sur fond de désindustrialisation intégrale. L’industrie a encore un bel avenir, surtout si l’on sait y développer la part d’immatériel, aujourd’hui décisive ».