Diplomatie : le PS souhaite un multilatéralisme rénové

Dans son programme de politique internationale, le Parti socialiste insiste sur le rôle central de l’ONU et sur la nécessaire relance du « moteur franco-allemand » en Europe.  

L’avant-projet du Parti socialiste dans le domaine de la politique internationale, qui sera soumis au vote des militants à la fin du mois, dessine la perspective d’une « France solidaire, européenne et onusienne  ». Trois dimensions qui correspondent aux trois grandes priorités du programme socialiste : maîtriser la mondialisation au service d’un développement plus solidaire, relancer l’Europe, rénover le multilatéralisme.

Coups médiatiques et postures changeantes

Que retenir de ce texte plutôt solide et cohérent, qui s’efforce de limiter la part de la langue de bois ? D’abord une bonne analyse des déséquilibres du monde actuel, issu de la fin de la guerre froide et marqué par l’émergence de nouvelles puissances, la montée des « risques d’asphyxie écologique, énergétique, alimentaire », la prolifération nucléaire, les inégalités de développement, les conflits ethniques, les fanatismes religieux ? 

Face à cette recomposition du paysage international, la politique étrangère de Nicolas Sarkozy, selon les socialistes, a fait preuve quelquefois de « dynamisme » mais elle a trop souvent privilégié « une stratégie de coups médiatiques et de postures changeantes », dégradant l’image de la France et se révélant au niveau européen, malgré « l’énergie  » du président français pendant la crise financière, « plus spectaculaire dans ses annonces qu’exemplaire dans ses résultats ». Au total, une politique « peu efficace » et « peu fiable ».

Une fois ce diagnostic établi, le document formule des propositions sur les trois thèmes évoqués plus haut.

Renforcer la solidarité

Le PS veut sortir de « l’impasse » du libre-échange intégral en lui substituant le « juste échange », qui repose sur l’inscription de normes sociales et environnementales dans les grands traités commerciaux. Principale innovation : la possibilité de taxes ou « écluses tarifaires », en particulier une « contribution énergie-climat » et une « contribution travail décent ». L’objectif est celui d’un développement plus solidaire entre les pays du Nord et les pays du Sud.

Relancer l’Europe

Le PS attache à l’engagement européen une « importance capitale ». Sur le plan économique, il propose de compléter le volet de la monnaie unique par deux autres volets : un gouvernement économique, reposant sur la création d’un mécanisme européen de stabilité financière (un Fonds monétaire européen), sur la concertation budgétaire et l’harmonisation fiscale, sur la régulation financière ; et une politique d’harmonisation sociale, incluant des minimas sociaux et un cadre législatif pour les services publics. Il veut également accroître les moyens financiers de l’Union européenne afin de favoriser d’ambitieuses politiques publiques.

L’avant-projet suggère de donner des frontières à l’Europe car « leur absence rend difficile l’émergence d’un sentiment d’appartenance ou d’une identité forte ». Il exprime des réserves sur l’adhésion de la Turquie, recommandant aux négociateurs de « traiter chaque cas au regard des alternatives sérieuses et crédibles » qui peuvent être proposées, telles que les partenariats privilégiés ou les accords de coopération.

Pour le PS, le plus important est de « relancer le moteur franco-allemand » dont la « panne » est, selon lui, « l’un des plus échecs les plus sérieux » de la politique européenne de Nicolas Sarkozy. Le texte veut aller plus loin dans la « nouvelle alliance » entre les deux pays, par la mise en commun des sièges allemand et français au FMI et à la Banque mondiale et par une avancée vers une armée européenne. Ainsi se constituera un « noyau de puissance » doté du 2ème ou 3ème PIB mondial.

Remettre l’ONU au centre

Il s’agit de « remettre l’ONU au centre » et d’en faire la « clé de voûte » d’un multilatéralisme rénové. L’organisation internationale doit être relégitimée par l’élargissement du Conseil de sécurité, un rôle accru de l’Assemblée générale, le développement de moyens militaires d’intervention.

Pour l’OTAN, le PS s’engage à réexaminer la décision prise par la France de réintégrer ses structures militaires, « en ayant à l’esprit la priorité de la défense européenne ». Il estime que la réintégration de la France n’a entraîné, contrairement aux promesses de Nicolas Sarkozy, ni un surcroît d’influence ni une avancée sur le terrain de la défense européenne.

De même, les socialistes procéderont à un « réexamen urgent et complet » de l’engagement français en Afghanistan dans le but de parvenir à « une sortie concertée des forces internationales ». Le PS entend aussi établir une « relation rénovée » avec l’Afrique au rebours des « logiques traditionnelles ». Enfin, en matière de droits de l’homme, un gouvernement socialiste affirmera son attachement à « quelques principes fondamentaux » tels que le respect de la liberté d’expression et de la liberté de la presse, l’établissement d’une justice internationale, le refus de la peine de mort. « Nous romprons avec une pratique doublement détestable : faire la leçon au monde entier en méritant soi-même des critiques sévères ».

Au total, le programme socialiste apparaît comme une synthèse, assez réaliste, des propositions présentées antérieurement par le PS en diverses circonstances. Une bonne base de travail pour le futur candidat à l’élection présidentielle.