Marc Semo : « Il Bottegone », la "grande boutique", a longtemps été le siège du Parti communiste italien. Immeuble massif à la façade austère, il se dresse rue des Boutiques obscures, en lisière de l’ancien ghetto juif, au cœur de la vieille Rome. A l’entrée, une plaque annonce la raison sociale du nouvel occupant, Ernst & Young, l’un des plus grands cabinets d’audit américains. Un hall nu et froid, avec quelques plantes vertes et une toile abstraite. Mais, préservation du patrimoine oblige, la multinationale a dû laisser un bas-relief orné de la faucille et du marteau".
"Avec ses dimensions imposantes, ce bâtiment se voulait à l’image d’un parti qui, un jour, serait au pouvoir », explique l’historienne Miriam Mafai. Le deuxième étage, donnant sur le grand balcon, était celui du secrétaire général avec « l’ascenseur rouge » qui lui était réservé. Il y avait aussi un bureau de poste et surtout une antenne médicale, car il était hors de question de laisser la santé des camarades dirigeants aux mains de médecins qui ne soient pas des « camarades sûrs ». Mais point de cantine et tout le monde fréquentait les trattorias du coin.
Quant au Parti Démocrate de Walter Veltroni, il s’est installé "près de l’église Sant Anastasia et des frondaisons du Circo Massimo. Un long bâtiment avec charpente et poutres apparentes, qui ressemble à un gîte rural retapé. Le « loft », comme l’appelle le PD, se veut un espace ouvert. Des cloisons à mi-hauteur et aucune pièce fermée, sinon le bureau du vice-secrétaire Dario Franceschini, issu de la gauche démocrate-chrétienne, et celui de Walter Veltroni. « Un parti sans mur et sans courants politiques », selon le leader démocrate, heureux d’avoir réussi à mettre ensemble ex-communistes et libéraux, chrétiens et laïcs".