Elections européennes : les choix politiciens de l’UMP et du PS

Pour convaincre les électeurs de s’intéresser à l’Europe et aux élections européennes, encore faut-il leur donner l’impression que le rôle des eurodéputés est pris au sérieux dans leur propre pays. Les deux principaux partis français ne semblent pas l’avoir compris.

A l’UMP comme au PS, le choix des candidats aux élections européennes du 7 juin paraît obéir davantage à des considérations de politique intérieure, voire de politique politicienne, qu’à la volonté de populariser auprès des Français les travaux du Parlement européen. Or ce dernier est devenu l’un des piliers des institutions européennes depuis que la procédure de « co-décision » a été étendue à un grand nombre de domaines. Mais il souffre encore d’un déficit de légitimité auprès des citoyens européens, qui ignorent largement son mode de fonctionnement et connaissent mal ses élus.

 

 

Placardisations et parachutages

Du côté de l’UMP, Nicolas Sarkozy a proposé, on le sait, à Rama Yade, puis à Rachida Dati de quitter leurs postes ministériels pour aller siéger à Strasbourg. Ni l’une ni l’autre n’en avaient envie. La première a refusé, au risque de mécontenter le président de la République. La seconde, à contrecœur, a accepté. L’objectif de Nicolas Sarkozy était de les écarter du gouvernement en leur offrant un lot de consolation. Curieuse manière de revaloriser le rôle des eurodéputés. 

On pensait que le PS ferait mieux et qu’il afficherait, en présentant ses listes, une autre idée de la fonction de parlementaire européen. Il n’en a rien été. Les querelles de courants ont conduit à des parachutages d’élus sortants dans des régions où ils sont totalement inconnus, provoquant la colère d’une partie des militants locaux. Ainsi Henri Weber, eurodéputé issu de Haute-Normandie, se retrouve-t-il dans le Centre et Vincent Peillon, venu de Picardie, dans le Sud-Est ! Ce n’est certainement pas la meilleure manière de rapprocher les parlementaires européens de leurs électeurs. Mais c’est surtout une nouvelle marque de l’habituelle désinvolture manifestée par nombre de dirigeants politiques français à l’égard du Parlement européen. 

A Strasbourg, on travaille

Dommage. Selon une étude récente d’un expert de la Fondation Robert-Schuman, Thierry Chopin, les eurodéputés français, traditionnellement peu présents à Strasbourg et souvent tenus à l’écart des postes de responsabilité, ont regagné du terrain pendant la dernière législature. Ils occupent notamment la présidence du principal groupe, le PPE, avec l’UMP Joseph Daul et celle de la commission des affaires économiques et monétaires, avec la socialiste Pervenche Berès.

En termes de « productivité », c’est-à-dire de nombre de rapports qui leur sont confiés, ils ont progressé, se situant aujourd’hui en septième position des 27 Etats membres, avec 2,81 rapport par député, derrière les Autrichiens (3,89), les Finlandais (3, 64) ou les Allemands (3,09) mais devant les Britanniques (2,52). 

Pour confirmer cette tendance, affirme Thierry Chopin, « le choix des candidats doit être plus strict » et privilégier ceux qui sont « véritablement intéressés par un engagement européen ». L’erreur, selon lui, serait de constituer les listes « sur la base des équilibres internes d’un parti » auquel les nouveaux élus continueront de consacrer l’essentiel de leur temps. Nicolas Sarkozy et Martine Aubry ont cédé l’un et l’autre à cette logique, le premier pour préparer le remaniement de son gouvernement, la seconde pour maintenir la cohésion de son équipe. Les enjeux européens sont manifestement passés au second plan.

Le taux d’abstention aux élections européennes témoigne de cette situation. En 2004, la participation était en moyenne de 45,7 % (42,7 % en France). En 1979, date de la première élection au suffrage universel direct, elle était de 63 % (60,7 % en France).