Elections israéliennes : revue de la presse arabe

Le constat de l’évidence est quasi unanime dans la presse arabe, de toutes tendances, au lendemain des élections israéliennes : le processus de paix est mort, ce dont certains commentateurs vont jusqu’à se réjouir.

« La Palestine se retrouve face au mur israélien » selon l’expression du romancier libanais Elias Khoury. L’un des rares intellectuels de son pays à avoir longtemps cru au processus de paix israélo-palestinien entamé à Oslo en 1993, écrit dans le quotidien Al-Qods Al-Arabi, publié à Londres : « Voilà des années que la gauche comme la droite israéliennes rivalisent pour enterrer les perspectives d’une paix dont elles ne veulent pas. La vision stratégique désormais partagée par les principales formations israéliennes est celle de la « citadelle assiégée » chère au dirigeant extrémiste des débuts du sionisme Jabotinsky. »

La paix enterrée

Si les modérés, notamment les quotidiens officieux de l’Autorité palestinienne à Ramallah, tels Al-Ayam, reconnaissent avec une amère objectivité que « toute activité diplomatique pour le processus de paix sera gelé », les voix de la surenchère sont triomphalistes. « Adieu à l’illusion de la paix » clame en titre de son éditorial Abdelbari Atwan, le très véhément directeur d’Al-Qods Al-Arabi, qui considère l’arrivée de Netanyahou au pouvoir comme « plus profitable aux Arabes et aux musulmans, sur le long terme, parce qu’elle révèle la véritable nature agressive, raciste, extrémiste du peuple israélien qui rejette la paix et la coexistence selon les conditions de la communauté internationale. Mais surtout, parce qu’elle peut réaliser le miracle de la réunification palestinienne dans la mesure où ceux qui pariaient sur le processus de paix comprendront qu’il leur faut remettre en question leur choix absurde. »

Le Hamas renforcé

« Il semble que l’Autorité palestinienne soit la plus grande perdante de ces élections, » écrit le correspondant à Ramallah du quotidien londonien pro-saoudien Al-Sharq Al-Awsat, « car elle n’a plus de partenaire pour les négociations de paix ». Confirmation de Hassan Haidar dans Al-Hayat, l’autre quotidien modéré paraissant à Londres : « le gagnant des élections à la Knesset est certainement le Hamas qui mène deux guerres simultanément, l’une contre Israël et l’autre contre l’OLP, représentée par l’Autorité palestinienne, considérée comme « capitularde » et « défaitiste ». Le Hamas va affirmer haut et fort qu’il avait raison de dire que tous les Israéliens sont contre la paix. »

Reconnaissant que le prochain gouvernement israélien ne sera probablement pas un partenaire pour la paix, le principal négociateur palestinien, Saeb Erekat, interrogé par Al-Sharq Al-Awsat considère que la réponse des Palestiniens au vote des Israéliens doit être « l’union nationale ». Plusieurs commentateurs, notamment dans la presse égyptienne, font valoir que « l’heure est propice pour resserrer les rangs entre Palestiniens et Arabes. »

Comment la communauté internationale, réagira-t-elle à l’impasse prévisible du processus de paix avec un gouvernement de faucons israéliens ? La presse arabe ne semble pas parier sur un activisme diplomatique, y compris de la part de l’administration Obama. « Il nous faut surveiller les réactions des Européens et des Américains à propos du respect du choix des électeurs de « la seule démocratie du Moyen-Orient » écrit Mohamad Krishan, l’un des présentateurs vedette d’Al-Jazira, sur le site de la télévision satellitaire, rappelant le rejet par la communauté internationale du Hamas, démocratiquement élu par les Palestiniens en 2006.