En Basse-Saxe, coup d’envoi pour les élections générales de septembre

La coalition entre le Parti social-démocrate (SPD) et les Verts a remporté, le dimanche 20 janvier, les élections régionales de Basse-Saxe, avec un siège de majorité, devant le gouvernement sortant composé des démocrates chrétiens (CDU) et des libéraux (FDP). Le SPD et les Verts auront 69 sièges au Landtag de Hanovre (49 + 20) contre 54 à la CDU et 14 au FDP. La CDU, le parti d’Angela Merkel, a recueilli 36% des suffrages, le SPD 32,6, le FDP 9,9, les Verts 13,7. La gauche radicale et le parti des Pirates sont au-dessous de la barre des 5% qui permet d’être représenté au Parlement régional. Tous les principaux partis allemands ont des raisons de se féliciter du résultat mais aussi des raisons de s’inquiéter dans la perspective des élections générales qui auront lieu en septembre. 

La chancelière Angela Merkel s’était engagée dans les élections régionales de Basse-Saxe, sachant qu’il s’agissait d’une sorte de galop d’essai avant le renouvellement du Bundestag cet automne. Elle peut se réconforter en pensant que sa popularité a permis de limiter le recul de son parti. Au niveau national, le même phénomène est perceptible. Près de 80% des Allemands font confiance à Angela Merkel et la CDU recueille 43% des intentions de vote.

Le revers de la médaille, c’est que l’alliance CDU-FDP n’a pas réussi à s’imposer à Hanovre, bien que la CDU reste le parti le plus fort. Il pourrait en aller de même au niveau fédéral à l’automne prochain. Surtout que les libéraux sont en sursis. Ils ont remporté un score inespéré en Basse-Saxe où les derniers sondages les voyaient exclus du Landtag, avec quelque 2% des voix. Ils en recueillent près de 10%. Mais ce « succès » est moins encourageant qu’il n’y parait. 80% des voix libérales proviennent de sympathisants démocrates-chrétiens, qui ont donné leur première voix à la CDU et leur seconde au FDP. Les électeurs allemands disposent en effet de deux voix ; avec la première, ils votent pour un candidat dans une circonscription ; avec la seconde, ils votent pour un parti. Ce sont les deuxièmes voix qui déterminent, à la proportionnelle, le résultat définitif de chaque formation.

Pour tenter de sauver leur allié, la CDU a donné une partie de ses deuxièmes voix. Pourra-t-elle recommencer la même opération lors des élections générales ? L’avantage est d’avoir un partenaire pour le renouvellement de la coalition actuelle qui gouverne à Berlin depuis 2009. Le risque est de « sacrifier » trop de voix sans obtenir le résultat souhaité. Les sondages laissent à penser que les libéraux ne peuvent s’en sortir sans ce « coup de pouce » de la CDU mais celle-ci ne sera peut-être pas en mesure de se montrer trop généreuse, malgré son avance actuelle sur le SPD dans les intentions de vote actuelles.

Pour les sociaux-démocrates et les Verts, la victoire, même fragile, est une bonne nouvelle. Les électeurs de Basse-Saxe ont apporté une crédibilité bienvenue à une alliance SPD-Verts, comme celle qui a gouverné l’Allemagne de 1998 à 2005. Un bémol doit être cependant mis à cette satisfaction. Le candidat du SPD pour la chancellerie, l’ancien ministre des finances de la grande coalition Peer Steinbrück, a multiplié les gaffes au cours des dernières semaines et sa côte de popularité est en baisse depuis l’annonce de sa candidature. En Basse-Saxe, 44% des personnes interrogées à la sortie des bureaux de vote ont déclaré que Peer Steinbrück avait « plutôt nui » à son parti.

Le paysage politique allemand reste mouvant. La popularité d’Angela Merkel cache des évolutions qui ne sont pas nécessairement favorables au centre-droit. Les Verts se sont durablement implantés en attirant les couches urbaines libérales que le FDP a perdues en focalisant son programme sur la dérégulation économique aux dépens de la défense des libertés publiques.

Toutefois Angela Merkel reste au centre du jeu. C’est elle qui a les options les plus nombreuses à sa disposition. Elle peut s’allier de nouveau avec les libéraux s’ils sont représentés dans le prochain Bundestag. La CDU peut être suffisamment en tête dans les intentions de vote pour les y aider, comme en Basse-Saxe. Si la manœuvre échoue – comme en Basse-Saxe –, la chancelière peut se décider en faveur d’une grande coalition avec le SPD ou tenter l’expérience d’un gouvernement avec les Verts. En annonçant la sortie de l’Allemagne de l’énergie nucléaire pour 2020, elle a écarté le principal obstacle entre un accord entre la démocratie chrétienne et les écologistes.