« Vous avez les montres, mais nous avons le temps » : cette phrase souvent entendue chez les activistes Talibans capturés et interrogés résume bien la situation militaire en Afghanistan. L’effort consenti récemment par les Etats-Unis et l’OTAN (le « surge », renforçant les effectifs de 37.000 unités en tout) s’est accompagné d’objectifs précis pour l’horizon 2011 : mesures anti-corruption, entrainement militaire des forces afghanes, réintégration de talibans « modérés » et d’autres rebelles dans la société afghane.
Mais tout ceci pourrait s’avérer vain si l’administration Obama minore l’enjeu stratégique que représente la province pakistanaise du Balûchistân. Seth Jones rappelle que la majorité des meneurs insurgés y résident ; les combattants de la province afghane d’Helmand y reçoivent leurs directives stratégiques ; ils s’y fournissent en composants pour fabriquer des bombes artisanales.
Pour l’instant, les quelques opérations menées conjointement par les forces américaine et pakistanaise l’ont été dans les zones tribales du Nord Pakistan plus qu’au Balûchistân. Deux types d’actions devraient y être menés : la capture des meneurs afghans y résidant avec leurs familles, et une série de frappes aériennes commandées par des drones. Des actions ne requérant pas de troupes, donc, mais qui comportent le risque de nécessiter, par la suite, des opérations plus importantes. Obama est déjà embourbé en Afghanistan ; la décision s’annonce donc difficile, mais elle devra être prise. « Ne faites pas les mêmes erreurs que nous », avertit un diplomate russe qui a vu, il y a 20 ans, l’URSS faire l’impasse sur le Pakistan.