Entre la schizophrénie et le symptôme maniaco-dépressif

Au cours d’un récent débat, François de Givry, économiste, président de la société Delta France, a présenté les mutations de l’économie mondiale et les problèmes auxquels sont confrontés les responsables politiques, notamment en Europe, pour réduire les dettes souveraines et relancer la croissance.

Un nouvel éclairage sur un système économique en pleine mutation : tel était le thème du débat introduit par François-Xavier Serraz, directeur délégué de la gestion privée de la Banque Espirito Santo.
Des investisseurs reviennent sur les marchés. Mais les causes qui ont fait chuter les marchés l’année dernière n’ont pas totalement disparues. L’alimentation massive en liquidités par des banques centrales a reporté des échéances. La question est de savoir si les responsables politiques auront le temps pour que les responsables politiques règlent les problèmes de fond ?
L’issue est liée à la capacité de combiner la réduction des déficits publics qui peut avoir des effets récessifs avec une croissance suffisante pour résorber les dettes nationales.
Depuis cinq ans, nous oscillons entre des modèles économiques en transition. De nouveaux géants économiques sont apparus. Des mutations structurelles se produisent. 10% de l’économie mondiale devient numérique. La première décennie de ce siècle a connu une croissance mondiale moyenne de 5% par an. A l’avenir, il ne faut pas s’attendre à plus de 2,5%. Le PIB de la France est le même aujourd’hui qu’il y a cinq ans.
En Europe, où les échéances électorales se bousculent (en France maintenant, en Allemagne en 2013) les responsables politiques parlent-ils des vrais problèmes ? La démocratie est-elle compatible avec une croissance de 2,5% ? Une reprise économique en Amérique est en Europe passe-t-elle par le non-respect de promesses électorales ?

Maniaco-dépressifs
Dans les pays riches, on devient schizophrène : on est simultanément consommateur, salarié, épargnant et ayant-droit. A d’autres époques ou dans des pays non-développés, on est l’un ou l’autre, pas tous en même temps. A titre d’exemple, la CGT de la Caisse des Dépôts demandait récemment que l’épargne soit mieux rémunérée. Aux Etats-Unis, on pousse la consommation. En Europe, il n’y a pas de vision claire. Les vues sont fractionnées. Comment concilier courage et générosité. En Italie, le débat est entre ayant-droit et épargnants. De façon plus générale, c’est l’épargne, et pas la dette, qu’il faudrait mettre en commun.
Quels autres facteurs peuvent influer sur les années à venir ? Les élections récentes en Russie, perpétuent un système qui suscite des tensions et des criantes internationles, donc de remilitarisation. Avec des conséquences sur le prix du pétrole. Les Etats Unis se rendent plus indépendants du pétrole avec le gaz de schiste. L’Europe continue d’être très dépendante des importations de pétrole et de gaz du Moyen Orient et de Russie.
Les cycles économiques semblent être de sept ans - cinq ans d’excés, suivis de deux ans de "digestion", comme en médecine les maniaco-dépressifs. Ces quinze dernières années ont connu un excès de crédit dans le monde développé qui a conduit aux diverses bulles, immobilières et autres. Il faudra du temps pour les résorber.

Dans un article récent François de Closets dans Le Point, évoquant le fait que la plupart des candidats n’affrontaient pas le vrai problème du surendettement dans leurs discours électoraux, François de Closets posait la question de savoir si en France, quand les gagnants auront à affronter la réalité, les réactions seront « grecques », (en blâmant Bruxelles et en manifestant dans les rues) ou « italiennes » (avec des réformes structurelles et un pragmatisme indéniable).
De Closets explique qu’on a vécu trente-cinq ans de mensonges et de gestion irresponsable des finances publiques. En référence à son récent livre "Zéro Faute : l’orthographe, une passion française", il se demande quelle serait la première expression de la langue française a bannir. Réponse : "droits acquis" !
Malgré des tentatives de réformes de la grammaire et de l’orthographe française depuis 1835, aucune n’a aboutit. Il reste à espérer qu’en matière de réforme structurelle et économique, nous aurons plus de réussite qu’avec la réforme de la langue !