Recep Tayyip Erdogan serait-il "le nouveau Nasser", ainsi que le qualifie un haut responsable de la diplomatie française ? Il est un fait que la position du premier ministre turc s’est singulièrement renrforcée ces dernières semaines, à l’intérieur avec la victoire du oui au référendum constitutionnel, à l’extérieur avec le développement d’une politique en direction des pays islamiques. Ankara a amélioré ses relations avec l’Iran chiite mais aussi avec les pays arabes à majorité sunnite, comme la Syrie, tout en prenant ses distances avec Israël, qui était un allié traditionnel. Dans le même temps, la Turquie a pris ses distances avec les Etats-Unis, notamment dans l’affaire du nucléaire iranien, et avec l’Union européenne. Elle continue certes les négociations d’adhésion avec cette dernière mais les réticences de plus en plus manifestes de certains Etats européens à accueillir la Turquie accentuent ce que certains considèrent comme la dérive turque vers le monde islamique. Recep Tayyip Erdogan apparaît dans ces conditions comme le nouveau héros des musulmans.