Europe : bilan désespérément limité

La revue Commentaire commence dans sa livraison du printemps 2009 (numéro 125) une « nouvelle enquête sur l’Europe ». Premier invité, l’ancien député européen Jean-Louis Bourlanges (Nouveau Centre, ex-Modem) exprime sa déception face à l’évolution de l’UE. « Après soixante ans d’efforts, estime-t-il, le bilan est désespérément limité ».

Selon Jean-Louis Bourlanges, la construction européenne n’est pas allée au-delà de la mise en place d’une « économie ouverte de concurrence non faussée, assortie de compensations destinées à rendre ce libéralisme acceptable » et elle n’a pas étendu les compétences communautaires aussi loin qu’il l’eût fallu.

« Contrairement à ce qu’on dit, explique M. Bourlanges, l’Union souffre moins d’un prétendu déficit démocratique de ses institutions que de l’exiguïté du champ des compétences proprement politiques que celles-ci ont à traiter ». Pour l’ancien parlementaire, « le grand mensonge européen, c’est d’affirmer que tout ce qui compte relève désormais du système communautaire ». Or, selon lui, 90 % des décisions politiques demeurent aux mains des Etats.

Certes les dirigeants de Vingt-Sept se rencontrent régulièrement, à Bruxelles ou ailleurs, pour tenter de coordonner leurs actions. Mais pour M. Bourlanges cette politique de « sommets hautement médiatisés » et d’ « agendas bidons » n’est qu’un « univers d’apparences et de mots derrière lequel se dissimulent la jalousie et la pusillanimité des gouvernants ». Dans ces conditions, il ne faut pas s’étonner que les élections européennes se heurtent à l’indifférence de l’opinion publique : celle-ci, selon M. Bourlanges, « sent confusément la vanité du spectacle qu’on lui donne et mesure que le vote n’orientera pas vraiment un pouvoir européen qui se joue ailleurs ».