Je garde une image vivace de la présidence française précédente, celle de 2000. Après le sommet de Nice, nous avions tous un mal de tête dû à l’affrontement des grands et des petits pays. Cette fois-ci, les résultats sont différents. C’est l’agenda qui définit la présidence. Avec la présidence française de 2008, ce fut aussi le cas. La crise de Gaza en est la preuve la plus récente. Aujourd’hui, les citoyens connaissent l’Union par son rôle dans la crise géorgienne, par sa réponse à la crise économique ainsi qu’aux questions climatiques, et par sa façon de poursuivre ses relations avec les autres grandes puissances. L’UE est perçue, de plus en plus clairement, comme un puissant acteur global.
La Finlande attend beaucoup de l’intégration. Le renforcement du cadre commun au cours de la présidence française représente, selon elle, une évolution favorable. Cela a nécessité de la présidence une approche pragmatique et des priorités claires. Le Président Nicolas Sarkozy a su concilier l’approche pragmatique et la vision de l’Europe puissante ; voilà deux forces motrices de l’Union.
La méthode communautaire qui est au cœur de l’UE a fait preuve de son efficacité. Il s’ensuit qu’au besoin le Conseil européen doit s’assurer que les Etats membres s’engagent à mettre en œuvre ses décisions au niveau le plus haut avec l’appui d’une Commission forte. Conformément au Traité de Lisbonne, assurer l’engagement des Etats membres va être la responsabilité du futur Président du Conseil européen.
L’histoire de l’Union européenne a été jalonnée par des crises. Le résultat négatif du référendum irlandais devait être "la crise imprévue" incombant à la France.
C’est ensuite la crise en Géorgie qui devait rendre la présidence française exceptionnelle. Une UE forte était une alliée inestimable pour l’OSCE qui occupait, elle aussi, un rôle central dans la crise. En tant que Président de l’OSCE [en 2008], je me suis rendu avec le Ministre français des affaires étrangères, Bernard Kouchner à Tbilissi dès le 10 août. Du point de vue de l’Union européenne, l’élément décisif, c’était la rapidité d’action.
La crise économique a été le troisième défi imprévu, d’une portée globale comme la crise en Géorgie. L’UE a pu unir ses rangs dans un esprit européen. La vitesse de réaction et la cohérence des positions dans tous les forums pour réunir le soutien des 27 sont le résultat de l’engagement de la France.
L’UE ne doit pas cesser d’approfondir son marché intérieur. Au contraire, elle doit mener une politique commerciale ouverte. Le protectionnisme ne doit pas gagner de terrain.
Le paquet climat- énergie comptait parmi l’une des quatre priorités initiales de la présidence. Son adoption est apparue de plus en plus difficile avec la crise économique. Or, au Conseil européen du décembre, la France a réussi à rallier les Etats membres derrière leurs propres engagements et derrière la proposition de la Commission sur laquelle le Parlement européen, aussi, s’est engagé. L’Europe a fait preuve de leadership, une précondition pour la réussite des négociations climatiques à Copenhague à la automne 2009.
L’héritage de la présidence française réside dans son approche pragmatique, grâce à laquelle la méthode communautaire reste solide. Cela assure l’engagement des Etats membres. Aussi, l’Union est de plus en plus un acteur actif au niveau global.
Une approche large de l’action extérieure de l’UE et la capacité d’opérer à tous les niveaux —également deux points forts marquant la présidence française de façon plus générale — font la force de l’UE. L’UE devrait constuire son futur rôle global en s’appuyant sur les six mois passés. La politique climatique, la macroéconomie et la préservation de la compétitivité dans une économie globale en crise, les relations avec la Russie et le développement d’un nouvel accord pour un partenariat, font partie d’une approche étendue et cohérente des relations extérieures de l’UE.
La présidence française a coïncidé avec un changement long et profond de l’ordre global. La relation transatlantique est unique en soi et une occasion de contribuer à la gestion de ce changement.
En suivant cette approche et restant ensemble, l’UE et les Etats-Unis devront trouver des solutions concrètes pour rendre le multilatéralisme plus efficace. La relation transatlantique doit être de nouveau une force de transformation dans le monde. La crise de Gaza souligne l’importance de cette coopération.