Angela Merkel l’a redit officiellement la semaine dernière : après les élections générales du 27 septembre, elle veut gouverner avec les libéraux. C’est avec eux, dit-elle, qu’il sera possible de mener une politique économique orientée vers la croissance et la diminution des déficits. Encore faut-il que les rapports de forces politiques issus du scrutin donnent à cette nouvelle coalition démocrate-chrétienne-libérale une majorité suffisante.
A en juger par le résultat des élections européennes, ce n’est pas impossible. Le CDU-CSU et les libéraux du FDP obtiennent près de 50% des voix. Les sociaux-démocrates du SPD, les alliés d’Angela Merkel dans la "grande coalition" en place depuis 2005, sont à un peu plus de 20%, un score insuffisant pour gouverner et même pour être des junior partners dans une coalition avec la démocratie chrétienne. Ils peuvent se consoler en soulignant que l’abstention a été très forte aux européennes (près de 57%) et que le résultat ne reflète donc pas le rapport de forces réel dans le pays.
Toutefois, les sondages ne devraient pas les rassurer. A la question « Pour quel parti voteriez-vous si les élections avaient lieu dimanche prochain ? », les Allemands répondent : 37 % pour la CDU-CSU, 25% pour le SPD, 13% pour les libéraux, 11% pour les Verts et 8% pour la gauche radicale Die Linke. Pas de quoi pavoiser. D’autant plus que la chancelière est beaucoup plus populaire que le candidat de la gauche à la chancellerie, le ministre des affaires étrangères Frank-Walter Steimeier, 60% d’opinions favorables contre 27%.
Une coalition dite « jamaïque » — rouge, vert, jaune (la couleur des libéraux) – qui, selon ces chiffres, pourrait avoir une majorité de sièges au Bundestag, est très difficile à mettre sur pied, car les conceptions économiques et sociales des sociaux-démocrates et du FDP se sont encore éloignées à la faveur de la crise. Les libéraux ont accentué leurs critiques contre l’interventionnisme et l’étatisme supposés du SPD (voire de la CDU), alors qu’ils voient dans le libre fonctionnement du marché la condition du retour à la croissance.
Ils pourraient cependant changer d’avis au cas où les urnes ne donneraient pas un avantage décisif à une coalition avec la CDU-CSU. Le FDP est fondamentalement un parti de gouvernement. Il est dans l’opposition depuis onze ans, ce qui ne lui était jamais arrivé, et il est prêt à tout pour en sortir.
Reste une autre hypothèse qui n’a officiellement pas la faveur d’Angela Merkel même si elle s’en est facilement accommodée pendant les cinq dernières années : une reconduction de la grande coalition. A priori les Allemands n’y sont pas favorables mais ils aiment bien les solutions de compromis.