Au moment où des voix s’élèvent pour dénoncer les effets de l’euro sur les économies européennes, Philippe Simonnot, journaliste, économiste, propose de revenir à l’étalon-or. « Il faut sortir de l’euro, mais par le haut, c’est-à-dire par l’euro-or », a-t-il déclaré au micro de Fréquence protestante samedi 15 janvier. Cette idée, l’auteur la développe dans un livre, Le jour où la France sortira de l’euro (Editions Michalon), par le biais d’un récit de politique-fiction.
Il imagine que Dominique Strauss-Kahn est élu président de la République en mai 2012 et qu’il annonce, dans son allocution du 14 juillet, le remplacement de l’euro-papier par l’euro-or. Cette solution est recommandée, tout au long du livre de Philippe Simonnot, par un expert, habitué des coulisses de l’Etat et baptisé Deep Pocket (Poche profonde) sur le modèle du Deep Throat (Gorge profonde) de l’affaire du Watergate, qui apparaît, sur ce sujet au moins, comme le porte-parole de l’auteur.
Reçu par Nicolas Sarkozy, Deep Pocket lui vante le retour à l’étalon-or. « Je lui dis d’abord que l’euro n’a pas tenu des promesses. Au moment du lancement de la monnaie unique, on avait fait miroiter un supplément de croissance économique. C’est le contraire qui s’est produit ». L’expert insiste sur le « vice congénital » de l’euro, « à savoir qu’il n’y a aucune raison, pour le moment, que les pays de l’Euroland soient en phase du point de vue de la conjoncture ».
L’euro-or est, selon lui, la seule manière de « sortir de l’impasse de l’euro ». Comment ? En abolissant le cours légal de l’euro, en supprimant la taxe sur les transactions en or, en établissant la liberté de conclure des contrats libellés en euro-or puis celle de fabriquer des pièces d’or dans les ateliers existants. « Le rétablissement de l’euro-or, précise Philippe Simonnot sur Fréquence protestante, implique une discipline stricte de la banque centrale qui lui interdit de créer de la monnaie non couverte par l’or ».
Une construction fausse, coûteuse et condamnée
L’auteur rappelle que Robert Zoellick, président de la Banque mondiale, vient de se prononcer pour un retour à l’étalon-or. Deep Pocket, le principal personnage de son récit, estime que, depuis son passage à la tête du Fonds monétaire international, institution cousine de la Banque mondiale, Dominique Strauss-Kahn a « une vision mondiale de la monnaie » et qu’il est « dans une logique planétaire où l’euro n’a pas sa place ». « L’euro est une construction fausse, coûteuse et condamnée », affirme Philippe Simonnot, qui ajoute : « On ne peut pas imposer une monnaie unique à un ensemble aussi hétérogène. L’unicité implique un budget central tel que l’Europe deviendrait un super-Etat ». Selon lui, la création d’un pilier économique destiné à faire contrepoids au pilier monétaire « supposerait une masse budgétaire hors de portée de l’Europe ». Dans un espace monétaire comme celui que forment les Etats-Unis, explique-t-il, les divergences entre les Etats sont compensées à la fois par le mobilité de la main d’oeuvre et par des versements budgétaires. Cela n’est pas possible en Europe.
En revanche, soutient l’auteur, « on peut très bien avoir une Europe des nations avec un étalon-or ». C’est la voie qu’il préconise, tout en se défendant de tout souverainisme, premier pas vers un protectionnisme qu’il rejette. « Il est fatal qu’à défaut d’adosser l’euro sur l’or il faudra bien, hélas !, lui trouver une base politique, déclare Deep Pocket. Laquelle ne pourra être qu’une Europe fédérale ». Contestant les arguments de ceux qui s’inquiètent des effets déflationnistes d’un retour à l’étalon-or, Philippe Simonnot estime que le passage de l’euro-papier à l’euro-or pourrait être, comme le souhaitait le général de Gaulle en 1965, une étape vers une monnaie mondiale.