Les ministres, à quelques exceptions notables près dont celle de Jean-Louis Borloo, ont fait preuve d’une grande assiduité dans tous les conseils relevant de leur compétence. Les services ont minutieusement travaillé les dossiers que le chef de l’Etat souhaite aborder durant les quatre à cinq mois de présidence utile : défense de l’environnement, politique énergétique de l’Union, défense européenne, réforme de la politique agricole, gouvernement économique de l’Union, maîtrise de l’immigration… L’agenda des réunions des six mois à venir est déjà établi. Et le gouvernement a fait en sorte que cette préparation se fasse en étroite liaison avec la Slovénie qui achève sa propre présidence ainsi qu’avec la République tchèque et la Suède qui succéderont à la France. Les voyages éclairs effectués par le président de la République et plusieurs de ses ministres dans un certain nombre de capitales européennes ont été du meilleur effet.
A Bruxelles on se réjouit tout particulièrement du rôle joué par le secrétaire d’Etat aux Affaires européennes Jean-Pierre Jouyet. Celui-ci confie-t-on dans les couloirs du Berlaymont, connaît bien les dossiers européens à la différence de son ministre de tutelle, Bernard Kouchner. Annonçant à dessein une présidence modeste, il tempère heureusement l’énergie et le volontarisme de Nicolas Sarkozy. On a apprécié à Bruxelles que cet ancien collaborateur de Jacques Delors se soit efforcé de convaincre le président français qu’à se trop mettre en avant il serait soupçonné par ses partenaires de vouloir instrumentaliser cette présidence au profit des seuls intérêts nationaux et qu’à trop embrasser de sujets il risquait de n’en vraiment traiter aucun.
Tout semble donc prêt pour que cette présidence française qui s’ouvrira le 13 juillet prochain avec le sommet de l’Union pour la Méditerranée et s’achèvera, six mois plus tard, par la mise sur les rails des nouvelles institutions européennes soit efficace et réussie à cette éventualité près qui n’avait été envisagée il y a quelques jours que comme une hypothèse d’école : un « non » irlandais au traité de Lisbonne !Nulle stratégie de rechange n’a été imaginée. Il n’existe pas de plan B. Moins encore qu’il y a trois ans après le « non » français au traité constitutionnel !
C’est une présidence de crise que devra inventer, pour ne pas dire improviser dans la précipitation, et assumer la France. Paris espérait effacer le « non » français au traité constitutionnel par une présidence flamboyante. Paris doit dès lors trouver une issue politique à une situation dans laquelle il aura eu, par le passé, sa part de responsabilité. Il ne s’agit plus de reprendre et d’accélérer la construction politique de l’Union européenne mais seulement d’éviter, sans doute avec l’aide de l’Allemagne redevenue l’alliée privilégiée, qu’elle ne se détricote définitivement.