Francis Fukuyama, de Bush à Obama

Francis Fukuyama, figure de proue des néoconservateurs américains, explique à Eric Aeschimann les raisons de son choix en faveur de Barack Obama. Source : Libération du 25 octobre. 

Francis Fukuyama : "Dans une démocratie, quand un parti au pouvoir a nettement échoué, il ne faut pas souhaiter qu’il soit réélu et cela, quelle que soit votre préférence originale. Or, il est difficile d’imaginer un échec plus complet que celui l’administration Bush. Il y a d’abord eu cette guerre, à propos de laquelle elle refuse de reconnaître ses torts ; et voici la crise financière. Si une équipe avec un tel bilan devait être réélue, cela voudrait dire que la démocratie ne marche pas. Il est temps de donner leur chance aux démocrates et à une politique qui aille vers moins de marché et plus d’Etat. La révolution reaganienne - déréguler, baisser les impôts, libéraliser les marchés - a été une bonne chose, car elle est intervenue après un demi-siècle de croissance de l’Etat-providence. Aujourd’hui, le mouvement va dans la direction opposée.

L’affaire est rendue encore plus difficile par la crise financière. Le futur président pourra fermer Guantánamo, proscrire la torture et présenter un visage très différent au monde, mais la restauration de la crédibilité américaine est un projet de long terme qui dépassera sûrement le cadre d’un mandat présidentiel".