Gouvernance mondiale : hésitations et tâtonnements

Le G8, réuni la semaine dernière à L’Aquila, s’est terminé en G39 (avec les pays invités en fin de sommet) et cette inflation n’est ni un signe d’efficacité accrue ni de légitimité renforcée.     

Le groupe des nations les plus industrialisées qui, il y a quelques années encore, ne comptait que sept membres, s’est ouvert à de nouvelles participations, sans avoir pour autant renoncé à l’existence. Hôte du sommet en 2007, la chancelière allemande Angela Merkel s’était opposée au passage du G8 (les sept plus la Russie) au G13 (avec quelques pays émergents). Elle pensait alors que le grand nombre aboutirait à une dilution des responsabilités.

Noyau dur

Elle n’avait pas complètement tort. Sous la contrainte des événements, elle a changé d’avis. Elle s’est ralliée au G20, qui s’est réuni pour la première fois l’année dernière à Washington, et encore en avril dernier à Londres, pour traiter de la crise financière et économique. Mais elle ne veut pas que le G8 soit remplacé par le G20, bien que le fait d´associer quelques grands pays émergents à la solution des difficultés économiques mondiales ne soit pas dépourvu de sens. Elle conçoit le G8 comme le « noyau dur » du G20. A noter que le G13 s’est transformé cette année en G14, avec l’arrivée de l’Egypte, qui ne supportait pas d’être laissée à la porte. De telles revendications ont toutes les chances de se multiplier.

Les défenseurs de l’environnement, qui ont fait de la lutte contre le réchauffement climatique leur objectif prioritaire, considèrent que la question ne peut être résolue ni par le G8, ni par le G20, ni par quelque groupement que ce soit. L’ensemble des Etats du monde doit s’y attaquer. Bref, c’est une tache pour l’assemblée générale de l’ONU et ses quelque 190 membres. Autant dire que toute action est vouée à l’échec.

Si la légitimité de tout groupement restreint peut être contestée, la solution passe alors par la constitution de groupes ad hoc, selon une géométrie variable, dont la composition varierait en fonction des sujets traités. C’est une idée qui a été avancée par plusieurs observateurs et politologues, aux Etats-Unis et ailleurs. Tous les Etats ne sont pas intéressés, en effet, par les mêmes sujets.

Mieux que rien

La proposition est tentante mais elle se heurte à deux objections, au moins. La première est que quelques grands pays, ou se considérant comme tels, voudront faire partie de tous les groupes. On retrouve ici l’idée de noyau dur, au profit du G8, reprise par Angela Merkel. La légitimité de ce noyau dur ne sera pas plus évidente aux yeux de beaucoup que le G8 actuel.

La deuxième objection concerne la définition des sujets à traiter, de leur importance, de leur degré de priorité, et la composition des différents groupes. Il n’existe pas d’autorité internationale incontestable en mesure de dire le droit en la matière.

Il est donc fort probable que les tâtonnements actuels continueront encore longtemps. Au coup par coup, de nouveaux Etats seront appelés à participer aux réunions, en fonction du bon vouloir des puissances invitantes et de la vigueur de leur protestation. Ce n’est sans doute pas ce qu’on entend par gouvernance mondiale mais c’est mieux que le désordre total et le chacun pour soi.